Avant-Première Comics VO: Review Batman And The Outsiders #1
11 mai 2019Batman et ses Outsiders sont de retour. Mentionné plusieurs fois mais globalement éclipsé depuis le reboot de 2011, l’autre groupe de Batman revient reconfiguré par Bryan Hill et Dexter Soy, comme une extension/une survivance de ce qu’était l’équipe informelle qui a hanté les pages de Detective Comics à l’ère Rebirth. Essentiellement, Black Lightning est donc désormais le superviseur d’une forme de bat-famille.
Batman And The Outsiders #1 [Marvel Comics]
Scénario de Bryan Hill
Dessins de Dexter Soy
Parution aux USA le mercredi 8 mai 2019
A l’origine, dans les années 80, les Outsiders étaient une équipe formée sous la direction d’un Batman trop heureux de ne plus dépendre de la Justice League, préférant un groupe où il était (au moins les premières années) un leader incontesté. Avec des personnages tels que Halo, Katana, Black Lightning, Geo-Force ou Metamorpho, la série s’était commercialement construite dans le sillage des New Teen Titans. Mais depuis 2011 les Outsiders sont un peu (beaucoup) passés à la trappe. Peut-être même pire : la plupart des scénaristes qui les ont mentionnés n’ont pas accordé leurs violons. Pour les uns les Outsiders n’ont jamais existé dans la continuité. Pour les autres oui, mais dans des rôles totalement différents. Les lecteurs de Green Arrow se sont vu expliquer que c’était une nébuleuse de sectes, Morrison ou Snyder y ont vu au contraire une sorte de bras armé secret de Batman. Rien que le fait que les Outsiders mentionnés dans Doomsday Clock (qui se déroule quelque mois dans le futur de l’univers DC) ne soient pas du tout raccord avec ceux qui (re)démarrent cette semaine dans ce titre (après un retard de six mois par rapport au lancement annoncé) est un témoignage du fouillis qui règne autour de ce concept. Bryan Hill botte en touche en ne s’intéressant guère au passé ancien mais plutôt aux choses récentes. Il y avait donc cette « classe d’entraînement » vue pendant de nombreux mois dans Detective Comics, organisée par Batman mais supervisée par Batwoman, pour gérer de jeunes héros. De cette époque il ne reste guère plus qu’Orphan (ex-Batgirl) tandis que les Outsiders, tels qu’officialisés par cette série, deviennent aussi un point de chute pour deux personnages populaires mais qui apparemment n’arrivent à alimenter des titres réguliers (1) : Black Lightning (malgré sa série TV) et Signal (sidekick des années Scott Snyder de Batman, que Tom King ignore globalement dans son run). Ajoutons Katana (qui certes est l’un des Outsiders originaux, comme Black Lightning, mais qui via les dessins animés est aussi devenu un personnage très associé à Batman) et on a donc un groupe qui, à l’exception de « l’Eclair Noir » a tout d’une batfamille light. Il manque à cette version du groupe la diversité de celui de Detective Comics pré-Black Lightning (Azrael, Robin, Spoiler, Batwing ou même Rookie ont quitté le navire pour des raisons diverses et on peut se demander, aussi, si un titre Batwoman and the Outsiders n’aurait pas été plus judicieux). Il n’y a pas non plus l’éventail de pouvoirs des Outsiders originaux. Hormis Black Lightning qui balance de l’électricité, on a droit aussi est surtout à de « simples » aventuriers costumés. Peut-être que Hill a fait la même analyse. En tout cas la première mission officielle du groupe est de sauver une jeune femme bardée de superpouvoirs et on peut se demander si ce n’est pas aussi une recrue en puissance, sorte de Gotham Girl de substitution. C’est avant tout un épisode de démarrage et pas quelque chose qui permette de juger des plans de l’auteur sur le long terme. Cependant on reste circonspect devant la scène finale, tant le pastiche de Terminator est gigantesque.
« I don’t trust Batman. But that doesn’t matter. »
Autant parfois le dessin et la mise en couleurs ne travaillent pas dans la même direction, autant sur ce titre Dexter Soy et Veronica Gandini se complètent assez bien. Soy a un style qui tient plus de l’esquisse, avec des lignes de force qui servent plus à souligner le mouvement que les ombres ou les textures. La couleur de Gandini vient en renfort et créé de la matière là où il n’y en avait pas. Rien que la deuxième page, avec le travail des phares de voitures qui passent, en fond de l’attaque, est une preuve de travail de la coloriste. On pourrait croire que c’est une pique contre le dessinateur mais il s’agit au contraire de dire que ces deux-là sont complémentaires. Ensemble ils dégagent une certaine énergie, même si la composition et la narration à l’intérieur des pages semblent parfois un peu aléatoires. Batman And The Outsiders démarre avec ce numéro. Hill, Soy (et donc Gandini) nous proposent les aventures d’une équipe qui n’est pas vraiment une équipe. D’autant que Batman est surtout un commanditaire et que le reste du temps c’est plutôt « Black Lightning et trois autres personnes ». Mais c’est sans doute le pari des auteurs de démarrer avec un groupe qui, bien que formé, n’a pas encore construit de liens internes. On verra dans les numéros suivants si les Outsiders se trouvent une âme (en espérant que le cliché sur Terminator n’est qu’un faux semblant).
[Xavier Fournier](1) A la grande frustration de Tony Isabella, le créateur de Black Lighting, qui considère que mettre son héros dans les rangs des Outsiders, c’est en faire un subordonné de Batman plus qu’un héros autonome.
Euh… j’avoue ne pas comprendre le point de vue de Tony Isabella. Black Lightning n’a-t-il pas déjà été membre des Outsiders par le passé, et ce très régulièrement ?