Doomsday Clock #10 n’en n’a pas forcément l’air (surtout dans les premières pages et pour qui pense que l’important ce sont les capes et les masques) mais c’est l’épisode de toutes les explications : le pourquoi du comment de l’influence du Doctor Manhattan sur l’univers DC mais aussi, de façon plus inattendue, le pourquoi du comment de l’univers DC tout court. Avec le retour dans la boucle de quelques personnages classiques et une potentielle remise en ordre.
Scénario de Geoff Johns
Dessin de Gary Frank
Parution aux USA le mercredi 29 mai 2019
C’est une semaine importante pour DC Comics avec la fin de Heroes In Crisis ou le début officiel de Leviathan Rising. Mais le comic-book le plus important de la semaine est peut-être Doomsday Clock #10, dans le sens où il inscrit tout ce qui a été publié depuis 1938 et ce qui sera publié dans une dynamique. Ce n’est plus tant une question de suivre les mésaventures de personnages tirés des pages de Watchmen explorant l’univers DC mais bien une exploration de ce que l’univers DC veut dire (ou devrait vouloir dire). Honnêtement, dans un épisode qui traite autant du temps qui passe, le laps écoulé depuis la sortie du dernier numéro joue un peu contre la narration (le problème, bien sûr, disparaîtra lors de la lecture en TPB). Le lecteur doit s’y « remettre » et trébuche sans doute un peu dans les premières pages car il attend des réponses promises et n’observe finalement qu’un des personnages en apparence les plus insignifiants de la série. Mais c’est peut-être le premier commentaire du scénariste : sans humanité, sans espoir, un univers de super-héros n’est rien, s’égare. Et même le plus humain des personnages a besoin de réécrire sa propre histoire à mesure qu’il avance. Rétrospectivement la chose est peut-être plus parlante que si l’auteur avait choisi un super-héros pour illustrer la chose. Geoff Johns utilise Doctor Manhattan comme un observateur impassible (on écrirait la même histoire pour Marvel que le Watcher y aurait toute sa place) pour devenir ouvertement « méta » (plus ouvertement que ça, tu meurs) pour se demander à voix haute le sens de l’univers DC. Et pour mieux comprendre la chose, Manhattan se livre à quelques expériences. Vous connaissez l’histoire du fou qui dit à un autre « accroche toi, je vais retirer l’échelle » ? Dans cette version, l’échelle c’est Superman et si l’on considère que cet épisode était pensé pour paraître des mois plus tôt, voici une histoire qui serait tombé à pic pour fêter les 80 ans de Superman. A ceux qui se demandent ce que le type en rouge et bleu signifie et ce qu’est sa pertinence dans le monde d’aujourd’hui, Johns répond à sa manière en démontrant qu’une cathédrale ne plus pas si on enlève la première pierre.
Johns parle finalement de son propre rapport avec l’univers DC ou de son travail au sein de ce dernier. L’ombre de la Justice Society plane (bien que pas aussi présente qu’on pourrait le croire) et l’on sait l’importance de la JSA dans la carrière du scénariste. Superman et son rapport avec la Legion of Super-Heroes, éléments sur lesquels Johns travaillait déjà avec Gary Frank, occupent aussi une certaine place. L’auteur va jusqu’à démontrer que si vous retirez Superman de l’équation, alors l’anneau vert de Green Lantern devient par défaut la colonne vertébrale de l’univers DC et que si vous retirez l’anneau… alors on court à la catastrophe. On pourrait lui objecter qu’il reste des figures comme Wonder Woman, qui n’est pas la dernière à représenter l’espoir. Mais il s’agit bien de parler du propre travail de Johns chez DC. A travers ces références, il y une absence, Flash, à peine mentionné alors qu’on connait l’importance du rapide (et en particulier de Wally) pour Johns. Si l’auteur fait référence au début de Rebirth, il est étonnant de voir l’auteur finalement passer sous silence Barry Allen et surtout Flashpoint, qu’il a lui-même écrit. Mais l’auteur trace une ligne directrice, montre que l’on secoue l’univers DC pour voir ce qui se passe, pour le rendre plus cynique, on le déséquilibre. Il est vrai qu’il faut « redémarrer » quand on se plonge dans la lecture de ce numéro, après des mois de vide. Mais il résume bien les valeurs de DC, à une époque où l’éditeur, à l’image de Dr. Manhattan, fait souvent des « expériences » (**koff** Heroes in Crisis **koff**) sur ses personnages sans forcément les comprendre. Manhattan joue l’apprenti sorcier avec l’univers DC. Mais Johns souligne aussi les capacités réparatrices de l’univers en question. Vous voulez déformer cet univers ? Attendez-vous à un retour de bâton. C’est presque du Grant Morrison. Presque parce que là où Morrison d’Animal Man voyait les héros oubliés attendre dans les limbes, Johns, en filigrane, semble faire confiance à leur résilience. Un numéro qui vaut d’être lu et relu… On dira que même si vous n’avez pas lu les 9 numéros précédents, celui-ci à quelques qualités autonomes. Même si par ailleurs, à deux numéros de la fin, on se demande vraiment comment tout le reste, le sort de Mime et des autres, pourrait être résolu en seulement deux livraisons. Il semble difficile de croire que Doomsday Clock ne se finira pas – au moins en partie – sur une fin ouverte.
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