Superman touché de plein fouet ? Batman en mauvais état ? Wonder Woman qui semble aux abonnés absents ? Alors que la Trinité habituelle est hors d’action, c’est tout l’univers DC qui décide de porter la guerre contre le personnage qui, apparemment, les manipule depuis des lustres. De Shazam à Mister Miracle en passant par Firestorm ou Batwoman, la majeure partie des héros DC prend la route de Mars pour attaquer l’homme bleu qui y a construit une horloge géante, Doctor Manhattan.
Scénario de Geoff Johns
Dessins de Gary Frank
Parution aux USA le mercredi 6 mars 2019
Avec Doomsday Clock, on enchaîne dans les confrontations en faisant monter à chaque fois les enchères. L’épisode précédent s’était fait épique, avec un face à face opposant Superman à un Firestorm qui n’était pas vraiment Firestorm. Cette fois c’est la horde des héros DC qui entre dans l’arène pour un conflit encore plus physique. Mais peut-on réellement parler de confrontation alors que le rapport de force est si disproportionné ? Doctor Manhattan peut effacer ou changer les choses d’un simple revers de la main, il voit le passé, le futur… En théorie il est impossible de le surprendre. Si cet épisode le trouve quelque peu diminué (un peu comme avant la conclusion de Watchmen), Manhattan n’éprouve pas la moindre difficulté à balayer les fourmis qui viennent l’importuner. Au premier abord, la confrontation massive est donc compromise. Mais sans doute parce qu’au-delà du « pouvoir », Doctor Manhattan est une mise en échec du super-héroïsme classique puisqu’il situe le combat à un niveau psychologique. Aucun des héros, en face, ne pense à lui demander ce qu’il veut où à tenter de le convaincre de faire autrement. Et inversement « Doc » a quelques informations contre lesquelles ils ne peuvent rien.
Si vous entrez dans ce numéro en vous attendant à un bon vieux combat cosmique, vous risquez d’être déçu. Malgré les apparences, malgré la détermination des héros et quelques échanges plutôt musclés, ce n’est pas là que se trouve l’intérêt de Doomsday Clock #9 mais bien dans les détails. Entre personnages secondaires présents là où on ne les attend pas, changements de costumes ou d’équipes, Geoff Johns et Gary Frank semblent nous promettre un univers DC prochain où beaucoup de choses ont changé. Et quand bien même, ils s’arrangent aussi pour secouer les branches et apporter quelques révélations concernant pas un exemple un jeune héros (qui du coup semblerait bien positionné pour retrouver sa série après Doomsday Clock, afin d’explorer tout çà). Johns avance ses pions pour finalement revenir à l’explication de Rebirth. Si ce n’était que de la non-présence de Batman et Superman, on pourrait presque croire que la couverture de DC Universe Rebirth, en 2016, annonçait une partie des événements de ce numéro. Malheureusement il y a aussi des endroits où le scénario semble faire du sur-place. Comme par exemple la coalition de Black Adam qui, malgré les promesses et malgré une montée de pression, n’aligne guère que trois ou quatre personnages. Il y a aussi les absents du numéro. Non pas qu’il faille absolument placer tout le monde tout le temps mais arrivé à ce stade il nous reste trois numéros, avec l’essentiel des personnages arrivés avec Ozymandias qui sont lâchés dans la nature sans but en vue, un Comedian bien vivant, des énigmes concernant la Justice Society, la Legion of Super-Héros et toujours l’explication de Rebirth qui tarde à venir. Trois épisodes pour placer les explications mais aussi les ramifications de tout ça… ça fait mince. Johns et Frank ont fait monter les enjeux mais ils n’ont pas intérêt à se perdre dans le rythme et dans l’espace de ces trois numéros restants s’ils veulent installer une chute à la hauteur des attentes. Un numéro tout en tension mais qui interroge sur la marge qui reste pour les retombées à venir.
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