Avant-Première Comics VO: Review Heroes In Crisis #8
25 avril 2019Après sept épisodes passés à lister les victimes et à travailler la piste de deux coupables possibles, c’est finalement un troisième larron qui est sorti du bois. Pour être honnête, on le sentait venir sans vraiment arriver à y croire. Dans Heroes In Crisis #8, le tueur explique tout, y compris un plan alambiqué pour quelque chose de bien en sorte. Malheureusement, ce qui demeure, c’est l’image d’un gâchis, d’un personnage détruit, démoli, alors qu’il avait des choses à faire et à dire. Mais les promesses…
Heroes In Crisis #8 [DC Comics]
Scénario de Tom King
Dessins de Mitch Gerads & Travis Moore
Parution aux USA le mercredi 24 avril 2019
En 2016, les fans de DC Comics ont retrouvé Wally West, tiré de l’oubli et de la Speed Force à l’occasion de DC Universe Rebirth. Ce n’était pas que le simple retour d’un personnage délaissé depuis le reboot de 2011. Wally West, ex-Kid Flash et devenu Flash à part entière, était devenu le porte-étendard de ce qui avait été égaré par DC Comics pendant cinq ans : un certain sens de la camaraderie et de l’optimisme, un peu comme un phare dans un DC qui comprenait qu’il était parti trop loin dans le modernisme et le cynisme. Wally et Barry Allen tombaient l’un dans les bras de l’autre. Le lectorat écrasait sa petite larmichette, l’espoir était de retour chez DC. Mais ça c’était avant et force est de constater que le retour de Wally en 2016 n’a guère été suivi d’effet dans les trois années qui ont suivi. Oh, on l’a vu courir aux côtés de Barry Allen, on l’a vu refonder les Titans ou copiner avec un Superman qui partageait – en tout cas à l’époque – certains souvenir de la continuité précédente. Mais pour ce qui est de la résolution de la quête de Wally, rien ou peu de choses ont avancé. Barry et Batman n’ont même pas jugé utile de le déranger au moment de mener l’enquête sur le Button ou d’autres éléments liés. Wally n’a pas été associé avec Doomsday Clock, où Doctor Manhattan semble pourtant être le suspect apparent pour les « rénovations » qui ont coûté au jeune héros sa vie de famille. Tout au plus Flash War nous a montré Wally pétant un cable à la manière d’Hal Jordan/Green Lantern, tenant de tricher avec les règles de l’Histoire, au mépris des conséquences. Heroes In Crisis, après des mois à tourner autour du pot, vient planter un dernier clou au cercueil du personnage. Ce n’est pas tant qu’il fasse partie des victimes de la tuerie de Sanctuary. Pas tant, non plus, qu’il soit en même temps le coupable. Non. Les personnages de papier ne meurent jamais vraiment. On peut les ramener. On peut aussi les guérir (si l’on reprend l’exemple d’Hal Jordan, il est revenu de loin). Ce n’est pas que c’est techniquement mal écrit. Oui, on comprend ce que veut faire King, démontrer que même un héros peut aller trop loin s’il est poussé à bout. D’accord. Mais que cela tombe sur CE héros, dans ces conditions, est un choix totalement pitoyable.
« It was a Flash fact! »
On se souviendra de l’élan de 2016, amené par le retour de Wally West, seul à comprendre que la vie des héros DC avait été manipulée. On se souviendra que pendant trois ans après, DC n’en a rien fait. Nada. Nib. Le service minimum. On se souviendra que la bande à Didio s’est débarrassé de Wally West sans se soucier de donner une fin satisfaisante à son cycle. Tu l’avais aimé DC Universe Rebirth ? Tu voulais savoir où tout ça allait ? DC Comics t’adresse un gros doigt. Ce n’est pas que Wally West est un petit héros en sucre qu’il ne faudrait pas toucher. Par la force des choses si Tom King ne sacrifiait que des personnages de troisième zone, on reprocherait à son récit de ne pas avoir d’impact. Mais il y a des dizaines, des centaines de personnages majeurs qui auraient pu faire l’affaire. Avec Wally West, le problème n’est pas que ce soit lui lui. Mais bien que ce soit lui à un moment où les promesses n’ont pas été tenues. On reconnait les marottes cycliques de la Team Didio : si c’est une Crisis alors il faut qu’un Flash y passe et peut-être qu’on tue un ou deux Titans au passage. Rien à foutre des suites à donner aux histoires (souvenez-vous les promesses du mariage Batman/Catwoman…). Rien à foutre des promesses de 2016. Rien à foutre du fait que, oui, dans la première Crisis Barry Allen y est bien passé, mais via un sacrifice noble, presque arthurien. Heroes In Crisis n’est pas encore totalement joué, il reste un épisode où tout peut arriver (on n’en serait pas à un paradoxe temporel près), mais MÊME avec un sauvetage miraculeux de dernière minute, cette volonté d’entacher l’étendard qui personnifiait l’optimiste demeurerait. Le fait revenir pour lui prendre sa dignité ? C’était cela le but de Rebirth ? Hé ben dis donc…
[Xavier Fournier]
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