Alors que la Justice League gère les menaces cosmiques avec la grâce d’un éléphant dans un magasin de porcelaines (en déclenchant/réveillant à chaque fois un danger plus grand), le Martian Manhunter a l’idée d’organiser une sorte de trêve avec… Lex Luthor, autrement dit le leader du camp adverse. Mais pourquoi le Martien pourrait-il avoir confiance envers l’ennemi juré de Superman ?
Scénario de Scott Snyder
Dessins de Jim Cheung
Parution aux USA le mercredi 6 février 2019
On l’a déjà chroniqué ici (et apparemment c’est le fil rouge de la série actuelle) : La Justice League version Scott Snyder, c’est un peu comme une compagnie de pompiers pyromanes lâchés à travers l’univers DC. Avec les meilleures intentions du monde le groupe tente depuis le début de limiter les conséquences de la mini-série No Justice mais avec une méconnaissance systématique de ce qu’elle fait. Le récent Annual a fait fort dans le genre, les tentatives pour reboucher le Mur de la Source revenant un peu à donner un coup de pied dans une fourmilière cosmique. L’aspect systématique de la chose (tels héros vont tenter de régler tel problème mais en déclenchant telle calamité encore pire) peut lasser, mais justement voilà un numéro de « pause », presque intimiste. Snyder se concentre à nouveau sur l’un des personnages qui singularisent cette incarnation de la League par rapport à ce qu’on a connu depuis les New 52 : un Martian Manhunter à nouveau figure importante du groupe, jouissant d’un lien apaisé avec le reste de l’univers DC (la version 2011-2016 était un brin plus paranoïaque). Au point d’essayer de demander son aide à… Luthor, pour tenter de retrouver une ancienne conséquence. Mais avant, il leur faudra combattre les derniers Quonars (ça ne s’invente pas…).
Jim Cheung n’est pas ce qu’on appelle un « monthly artist ». Mais quand il prend le crayon, il ne fait pas « le voyage pour rien », un peu à l’image (dans un style différent) d’Art Adams. Cheung fait preuve ici d’une richesse de détails, de textures, de traits… ses volumes sont incroyablement construits et définis. Ce qui donne d’emblée de l’emphase à l’histoire. Cheung donne aussi bien de la masse aux combats contre les dragons qu’aux flashbacks liés au Martian Manhunter. Il est d’ailleurs intéressant de voir à quel point l’artiste adapte son travail pour texturer de manière différente ces deux « époques ». Pour ce qui est de l’histoire, si elle soulève plusieurs points potentiellement intéressants pour l’avenir, hélas on voit très vite, pratiquement dès les premières pages, où le Martien (et par conséquent Snyder) veut en venir. Du coup la révélation de l’épisode est émoussée. Mais il n’en reste pas moins que, pour une fois, au lieu d’aller chercher « des secrets cachés de l’univers qui sont eux-mêmes cachés dans d’autres secrets de l’univers », c’est un gain certain de déplacer le curseur vers des choses plus intimes, qui rajoutent encore des éléments à l’existence de J’onn avant qu’il devienne vraiment un héros sur Terre. Il y a quelque chose de très moderne mais en même temps de très « Silver Age » dans ce que Snyder rajoute au passé du Martian Manhunter. C’est le genre de « préquelle » qui, bien utilisée, pourrait devenir un élément intégral de la mythologie du personnage et qu’on pourrait retrouver à l’avenir dans d’autres versions (TV, ciné…). Prévisible ? Oui, mais pas inutile et surtout cela repose un peu le rythme de la série.
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