Lex Luthor manipule les forces élémentaires de l’univers et n’est plus qu’à quelques heures de détruire/réécrire la réalité DC telle que nous la connaissons. La Justice League n’a qu’une seule chance : voyager dans le temps pour obtenir les fragments de puissance qui pourront empêcher l’Apocalypse. Hey, mais si Lex Luthor avait l’idée d’utiliser un gant, est-ce que tout cela ne nous rappellerait pas un film récent ? Pour la Justice League, c’est l’heure du « Endgame ».
Scénario de Scott Snyder & James Tynion IV
Dessin de Jorge Jimenez
Parution aux USA le mercredi 28 août 2019
Cette semaine est importante pour l’univers DC. C’est peut-être la plus importante depuis le début de Rebirth et la réapparition de Wally West en 2016, alors que l’éditeur se réapproprie deux éléments déterminants de son histoire, liés à son passé et à son future. On en voit un exemple dans cet épisode de Justice League (mais aussi au moins dans un autre comic-book paru simultanément). Après des mois passés à nous asséner des révélations plus ou moins répétitives (oui d’accord, « on connaissait telle force, mais on ne savait pas qu’elle avait un exact opposé », blah dark multiverse blah blah métal NTH blah blah Perpetua), Scott Snyder & James Tynion IV sont arrivés à une phase bien plus intéressante où, à priori, tous leurs pions sont sur leur plateau. On arrête d’en rajouter en « force mystérieuse » et on se concentre sur l’utilisation de l’existant, d’où une réunion de masse des membres de la League, avec un vrai sentiment de communauté. Il y a un état d’esprit différent, moins artificiel, de ce qui régnait pour No Justice. Peut-être aussi que ce qui change c’est que cette version de la League a eu le temps de se battre, de former une sorte de camaraderie, ce qui fait que lorsque la dernière heure est vue, le côté « frères d’arme » est plus présent. Rien que la petite scène entre Superman et Hawkgirl montre que ces personnages se connaissent et réagissent à la présence (ou à l’absence) des autres.
Pour ce qui est de la trame, elle est familière. Pour éviter l’apocalypse, la Justice League divise ses forces et les propulse à travers différents points temporels pour obtenir divers « macguffins ». Si on était dans un film Marvel Studios, c’est le moment où Scott Lang parlerait de « Timeheist ». En vérité il ne s’agit pas de dire que Scott Snyder & James Tynion IV copient Avengers: Endgame mais bien qu’ils canalisent tous les deux une intrigue très ancienne, qui remonte aux balbutiements du principe d’équipe de super-héros, tel que défini par Gardner Fox quand il inventa la Justice Society of America. La trame typique de Fox, c’était que l’équipe se divise en plusieurs sous-ensembles pour se lancer dans de petites quêtes avant de revenir faire la synthèse vers la fin. C’est pourquoi cet arc qui début de la Justice League a aussi un petit air de famille avec, par exemple, Avengers Forever (par exemple la scénographie de l’introduction des personnages du futur sonne un peu comme la présentation des Avengers version Killraven dans AF). Il est cependant compliqué de juger l’épisode tant il est éclipsé par deux scènes successives, vers la fin, alors que les super-héros actuels font quelques rencontres attendues depuis des années, pour ainsi dire depuis l’instauration des « New 52 » en 2011. Huit ans plus tard, DC retrouve à la fois ses racines et des perspectives. Jorge Jimenez se tire assez bien des grandes scènes, qui plus est chargée en personnages mais il est un peu plus le « nez sur le guidon » dans les rares moment d’actions (sans doute que le temps passé sur les unes fait qu’il dispose de moins sur les autres). A noter que bizarrement la révélation finale n’est pas dessinée par lui mais par un Francis Manapul non crédité. Le problème avec le méga-arc de Snyder & Tynion reste les « méchants ». Perpétua ou Lex Luthor dans son état transformé ont quelque chose qui tient du cliché. On pourrait aussi bien les lire en leur donnant les voix d’une méchante sorcière et de son homme de main menaçant les terriens dans un Sentai des années soixante-dix. Autant les scénaristes ont réintroduit de la camaraderie parmi les héros, autant la Legion of Doom mise tout sur le pouvoir et peu sur les relations entre les membres (au début de ce run, c’était un peu l’inverse, les héros jouant la routine et les vilains les dominant par leurs interactions). Ce qui fait qu’on se dit que le plus intéressant n’est pas de savoir si la League va arriver à battre Perpetua (parce que, spoiler, ce serait quand même très étonnant qu’ils n’y arrivent pas). L’important c’est le chemin et les nouveaux/anciens compagnons de route que la Justice League redécouvre vers la fin de numéro. C’est « le retour des héros ». En espérant, bien sûr, qu’on ne retombe pas très vite sur les travers snyderien (« oui mais vous ne saviez pas tout, il existe une puissance cachée, blah blah blah…) mais le « ventre » de l’arc s’annonce intéressant.
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