Avant-Première Comics VO: Review Terrifics #11
4 janvier 2019Les Terrifics ne sont plus ! La mystérieuse énergie qui les forçait à rester à quelques mètres les uns des autres a été dissipée. Plastic Man, Metamorpho, Phantom Girl et Mister Terrific sont donc partis sur des routes différentes. Tandis que seul « Mister T » continue de poursuivre Doc Dread à travers le Multivers, les trois autres tentent de recoller les morceaux de leur vie privée. Et ce n’est pas gagné.
Terrifics #11 [DC Comics]
Scénario de Jeff Lemire
Dessins de Viktor Bogdanovic
Parution aux USA le mercredi 2 janvier 2019
Depuis le début de la série, les Terrifics sont une « équipe de situation » : des personnages réunis par un incident commun, dans la tradition « kirbyesque » de l’avion des Challengers ou du crash de fusée des Fantastic Four. La différence, dans le cas présent, c’est que ce sont des héros qui, à l’exception de cette incarnation de Phantom Girl, ont existé « ailleurs » depuis des décennies et qui n’ont pas, au demeurant, de raison d’être ensemble. Jeff Lemire avait forcé la chose dans un premier temps, faisant de chacun le fil à la patte des autres. Mais à l’évidence Jeff Lemire est en train de négocier un virage pour que les personnages ne soient plus forcés d’être l’un avec l’autre mais qu’au contraire ils en viennent à réaliser qu’unis ils sont supérieurs à la somme de leurs individualités. Ou bien que tout simplement c’est plus fun. Guéri, Metamorpho réalise donc qu’il ne sait que faire d’une existence « normale ». Longtemps privée de sa famille, Phantom Girl en vient à comprendre que celle-ci a ses contraintes. Pour Plastic Man, c’est un peu plus attendu puisqu’on en revient à cette idée, plusieurs fois réutilisée depuis la fin des Sixties, que Eel est un mauvais père. Seul Mister Terrific échappe à cette démonstration mais parce qu’il est tombé dans l’excès inverse : sans vie privée « sociale » à entretenir, il est très compétent comme super-héros. Mais « trop », en un sens. Il n’a l’humanité, l’humilité des autres et il est capable de tomber dans le panneau par excès de confiance. On sent bien que viendra dans les semaines à venir la réalisation, de part et d’autre, qu’ils étaient mieux ensemble. Il s’agît de passer du stade du besoin à celui de l’envie. Pour ce qui est de la toile de fond, Lemire continue d’explorer le multivers, s’inscrivant maintenant plus de la suite du Multiversity de Morrison que dans celle du Metal de Snyder.
« I am sure the others don’t want to see me any more than I want to see them. »
Viktor Bogdanovic est une vedette montante des comics. Son style à la fois détaillé et net, très expressif, lui permet de véhiculer aussi bien des moments de comédie de Plastic Man que les phases plus mélancoliques de Terrific ou le côté « récit de super-héros au premier degré ». La colorisation est peut-être un peu trop violacée par endroit, donnant des effets de lumières un peu bizarres, peu cohérent avec les ombres qu’ont travaillé le dessinateur et l’encreur (Jonathan Glapion) mais globalement c’est plaisant à lire, sans doute parce que, sans prétendre accoucher d’un chef d’œuvre des temps modernes, l’équipe créative prend plaisir à produire l’épisode sans trop se prendre au sérieux. Ça aussi, c’est ne pas s’arrêter au besoin, au nécessaire, pour privilégier une notion d’envie.
[Xavier Fournier]