Extermination ou le récent Uncanny X-Men Annual menaient à cela : l’une des figures historiques des X-Men est de retour pour reprendre sa place au sein de l’équipe. Le problème… c’est qu’il n’y a justement plus d’équipe. Les X-Men ont disparu mystérieusement à l’issue d’une dernière bataille… laissant derrière eux quelques rares membres depuis dispersés. Il n’y a plus personne pour défendre les mutants à travers le monde. Et Scott Summers est comme un général sans armée. Heureusement pour lui, il n’est pas tout à fait la seule figure historique du groupe à revenir.
Scénario de Matthew Rosenberg
Dessins de Salvador Larroca
Parution aux USA le mercredi 6 février 2019
Marvel envoie en ce moment des signaux multiples mais contradictoires au lectorat des X-Men en ce moment. Si tout le sens d’Uncanny X-Men Annual #1 était de nous rendre un Cyclops en état de marche et revenu à de meilleurs sentiments, plus altruiste, plus optimiste, si la couverture d’Uncanny X-Men #11 en profite pour nous montrer les X-Men d’une époque révolue, comme un retour à une certaine époque du titre et si, enfin, le choix de Salvador Larroca, dessinateur associé de longue date avec les mutants, ne doit sans doute rien au hasard… Voilà au contraire un numéro bien plus sombre qu’on aurait pu le croire après tous ces préliminaires. Dans un premier temps, on comprend bien que c’est nécessaire pour poser la problématique : les X-Men étant portés disparus, peut-être morts, on peut comprendre que cela ne rigole pas pour les mutants et que les derniers membres restants du groupe, désabusés et passés dans la clandestinité, soient plutôt cyniques et désespérés. Il y a quand même un échelon dans le désespoir qui est curieusement franchi, avec la mise-en-scène du suicide d’un jeune personnage… Suicide qui a dû « tiquer » au niveau éditorial puisque Marvel se dépêche d’insérer dans la page du courrier un encart sur la hotline de la prévention du suicide des adolescents. C’est un peu curieux parce de deux choses l’une soit l’on considère que la scène peut être utilisée comme telle et on l’assume… Soit elle est problématique et alors un encart de la sorte ne permet pas de tout contrebalancer. Mais le côté le plus immédiatement sombre vient sans doute d’un angle que l’éditeur n’avait pas anticipé. Rappeler Larroca aux affaires, cela faisait sens, permettait d’évoquer les X-Men de la fin des années 90 ou du début des années 2000. Le truc, c’est qu’après avoir dessiné pour l’univers Star Wars pendant un bon moment, Larroca a considérablement transformé son style, qui repose désormais plus sur les ombres. Noir c’est noir, donc. Si vous ouvrez ce numéro en vous basant sur la déclaration de bonnes intentions de Scott à l’issue de l’Annuel, on ne peut pas dire que le numéro déborde de bons sentiments et d’optimisme. Est-ce à dire que le retour de Cyclops est confus et que, d’emblée, il ne donne pas les résultats escomptés ?
En fait, non, car si bien des choses restent à faire, il faut aussi compter avec les éléments de prédilection que Matthew Rosenberg a déjà utilisé ces derniers temps dans différents titres liés aux X-Men. Il y a des choses en commun entre le retour de Jean Grey au terme de Phoenix Resurrection et ce Cyclops qui cherche à son tour un sens à sa vie. Mais pas seulement. Même si la personnalité des deux frères est clairement différente, il y a également un rapprochement à faire avec Astonishing X-Men, du même auteur, où Havok « sauvé du Mal » tentait de reformer les X-Men à partir de quelques laissés-pour-compte. En quelques mois Rosenberg est revenu trois fois puiser dans le principe du personnage revenant (à plus d’un titre) dans le monde et cherchant à guider les mutants. Ici, la valeur ajoutée c’est que rapidement on se rend compte qu’il n’y a pas un seul revenant mais deux. Et qu’en un sens cet épisode commence à refermer une boucle ouverte au moment de Schism, quand les X-Men s’étaient divisés en deux factions philosophiquement éloignées. Après la disparition de la majeure partie des X-Men, il ne reste plus de quoi faire différentes factions (encore qu’on serait curieux de voir comment l’épisode se place en termes de chronologie, par rapport à l’actuelle série X-Force). Les deux derniers qui restent sont obligés, bon gré mal gré, de faire l’un avec l’autre. Reste qu’on aurait pu faire sans une scène de suicide pour laquelle même l’éditeur ouvre le parapluie, où les dessins d’un Larroca bien trop ténébreux pour le coup. Rosenberg met en place des pièces qui peuvent mener à la renaissance des X-Men. Mais il reste encore des choses à régler en termes de tonalité.
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