Stryfe a enlevé Cable, l’emportant vers un futur qui semble bien loin des possibilités d’atteinte de X-Force. Les membres du groupe, dont certains blessés, sont donc obliger de patienter en espérant trouver une solution. A 2000 ans d’écart, le sort de Cable et de Rachel Summers n’a rien d’enviable.
Scénario d’Ed Brisson
Dessin de Dylan Burnett & Damian Couceiro
Parution aux USA le mercredi 8 mai 2019
Depuis le début de l’actuelle série, X-Force a opéré dans la précipitation. Reformée pour venger Cable et s’en prendre à son assassin, l’équipe a été totalement retournée, se retrouvant malgré elle à faire alliance avec l’assassin en question et cherchant maintenant à le défendre. Quand on y regarde bien, en l’espace des six épisodes précédents, il aussi fallu faire avec des menaces comme le coup d’état en Transia, Ahab et ses Hounds mais aussi Styfe et son MLF. Un agenda plutôt dense et le fait que X-Force soit obligée de se poser, de panser ses plaies, est un passage bienvenu, qui permet de s’intéresser aux liens qui traversent l’équipe. Ed Brisson organise donc une suite de scènes, de dialogues en « tandem » (Domino/Deathlok, Warpath/Boom-Boom, Sam/Shatterstar…) qui visent à ce but. Même ce qui se passe dans le futur vise à resynchroniser l’antagonisme entre Stryfe et Kid Cable. Le reproche qu’on peut faire à Brisson, cependant, c’est de ne pas avoir pris en compte qu’il parle d’une machine à remonter dans le temps. La volonté de Domino d’agir vite, pressant Deathlok de trouver une solution, n’a donc pas grand sens. Quand bien même il y aurait un an d’écart entre le départ de Stryfe et celui de X-Force, il n’y a pas de « délai » dans le voyage dans le temps, il suffit de viser la même date d’arrivée. Et ça sans même prendre en compte la logique de l’univers partagé qui fait qu’au lieu de rester en Transia, Domino aurait aussi bien fait de partir sur la piste des quelques mutants qui voyagent dans le temps (façon Tempus) ou demander aux Fantastic d’utiliser leur machine (ou encore dérober celle de Doom). L’idée d’un numéro-pause n’est pas mauvaise. Mais la stratégie de Domino laisse à désirer. A l’inverse, Cable prisonnier en prend pour son grade mais surtout Rachel Summers ne cesse de servir de chair à canon depuis le crossover Extermination (et même avant si l’on compte le coup de Cassandra Nova dans X-Men Red). D’accord, avec la « vraie » Jean Grey de retour, Marvel peut être tenté de considérer Rachel comme surnuméraire. Mais dans le contexte des histoires, saga après saga, Rachel ne cesse d’être manipulée et reprogrammée (Nova, Ahab, Stryfe…). Au point que cela en devient ridicule (une des télépathes les plus puissantes, systématiquement contrôlée) et qu’on voit mal, si les agents de Stryfe peuvent faire ça, pourquoi tout simplement ne pas en faire de même avec Cable ou le Clan Chosen (qui refuse de parler). Il y a un truc qui se joue autour du sort de Rachel et Brisson ferait bien de trouver une bonne porte de sortie au personnage plutôt qu’en faire une « victime abonnée ». On tourne parfois en dérision la capacité de Scarlet Witch à se faire hypnotiser/retourner contre les héros, mais même Wanda n’a pas fait ça sur quatre sagas d’affilée…
Les dessinateurs Dylan Burnett et Damian Couceiro continuent d’avoir des styles très différents mais cependant pas totalement opposés. Si l’un privilégie des silhouettes déformées, caricaturales, tandis que l’autre s’en tient à des gabarits plus classiques, il n’y a pas réellement de rupture d’ambiance entre les pages. Seule petite réserve, peut-être, sur le traitement de Stryfe qui est supposé être plus jeune que celui qui pourchassait le Cable adulte. Autant quand on regarde Kid Cable la différence d’âge est évidente, autant quand on observe ce Stryfe, même si l’usage du masque l’explique en partie, il n’y a guère de différence marquée. On apprécie l’alchimie qui se forme au sein de X-Force, le fait qu’un outsider tel que Deathlok trouve aussi sa place dans cette version de l’équipe (différente de l’ère de Rick Remender). Mais on espère que les auteurs trouveront le moyen de vraiment tirer parti de cette histoire de poursuite dans le temps. Et que quelque part en cours de route Prestige (Rachel) en sortira un peu grandie.
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