Dessins de Greg Hinkle
Parution aux USA le mercredi 3 juin 2015
Le scénariste James Robinson est le protagoniste principal de cette histoire où il met en scène ses propres angoisses créatives, sa sensation d’avoir livré ses meilleurs boulot deux décennies plus tôt, de devenir l’ombre de lui-même tout en détestant ce qu’il fait chez DC (visiblement l’histoire se déroule quelques temps dans le passé). Voilà qu’Image lui propose de relancer Airboy… Robinson déteste l’idée de replonger une fois encore dans le Golden Age alors qu’on le caste déjà trop là-dedans. Mais il replonge, pour le fric et alors qu’il n’a pas la moindre idée. La rencontre avec son dessinateur (Greg Hinkle) va dégénérer… Même les chanteuses de musique lounge en prennent pour leur grade.
Airboy n’est pas le revival d’un personnage du Golden Age tel qu’on pouvait l’attendre. C’est « Robinson à poil en train de faire de la merde », les premières pages sont explicites à ce sujet. C’est un peu le Birdman des comics (avec aussi une filiation assumée avec le journaliste gonzo Hunter S. Thompson. Non seulement pour des soirées de défonce homériques mais aussi par que Robinson tisse habilement ensemble des tranches de vies réelles et des choses liées à l’imagination ou à son propre discours créatifs. C’est dément, parce que l’auteur et le dessinateur font de cette série pseudobiographique quelque chose qui mélange les codes du roman graphique et l’ambiance des comix underground. C’est absolument destroy pas pour les scènes de sexe où les références à l’acool ou à la drogue mais parce que, tout en les romançant, Robinson balançe sur sa détestation de ce que l’on lui fait faire chez les « majors ». C’est incroyablement libérateur et original, même dans la gamme d’Image Comics qui, pourtant, ne manque déjà pas de variété. Difficile de savoir exactement quelle route va prendre la série passée ce premier numéro. Mais s’ils tiennent le cap, Robinson et Hinkle vont nous régaler d’une excellente série. Oubliez les crossovers de tous poils (et sans doute même ceux auxquels Robinson participe par ailleurs avec ses autres casquettes). L’odyssée auto-destructrice de James Robinson est sans aucun doute un des comic-books les plus originaux de l’année.
[Xavier Fournier]
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