Scénario de Ron Marz
Dessins de Stjepan Sejic
sortie aux USA le 1er septembre 2010
Ca n’a l’air de rien comme ça, mais être une femme dans le monde des comics, c’est partir avec un handicap. Regardez les charts et vous verrez que dans les grands jours les ventes de Buffy ou de Wonder Woman semblent bien pâles en face de leurs homologues masculins. Pas une héroïne dans le top 20. On comprendra donc qu’en lançant une mini-série sur l’ex-Witchblade, Dani, non seulement devenue l’Angelus mais qui vit également une relation lesbienne avec sa co-locataire tandis que pratiquement tout le casting est féminin (mis à part l’apparition fugace du père), Ron Marz a décidé de ne pas faire dans la facilité commerciale. Et si d’aventure certains allaient nous dire qu’il a fait dans le racoleur en donnant tant de place dans la relation Dani/Finch dans cet épisode, ceux-là passeraient de loin à côté de la réalité de ce qui se joue ici. Si les héros gays sont rares dans les comics, ils le sont encore plus à assumer leur sexualité (Northstar, dans les X-Men, se contente d’apparaître une fois l’an pour rappeler qu’il est homo, mais sans aller plus loin que de gentils baisers). Oui, les lecteurs de DC ont bien eu droit à Batwoman ou Question mais là on joue carrément dans une autre cour. Dans Angelus #5, Ron Marz dépeint une relation de couple qui implique de la complicité et (ça fait partie de la vie aussi) des ébats ! Ca ne devrait pas être un événement en soi mais vu les tabous qui règnent d’habitude, voici un scénario qui fait de son mieux pour équilibrer la balance…
Côté action… Ou devrais-je dire « super-action » pour qu’on ne mélange pas avec ce qui se passe au sein du couple, le fantastique reprend ses droits vers la fin de l’épisode, laissant l’héroïne face à un dilemme. J’espère qu’après avoir établi certaines choses Ron Marz ne fera pas un « tabula rasa » d’ici la fin de la mini-série (dans le prochain numéro donc). Pour ce qui est des dessins, sur certaines pages Stjepan Sejic m’a semblé un peu pris par le temps et la netteté des traits en souffre. J’ai bien aimé par contre certains effets de lumière (la discussion entre Dani et Finch page 6, par exemple) qui instaurent une réelle ambiance. Certes, ça n’a rien de nouveau pour des gens qui lisent les travaux d’auteurs comme Alison Bechdel mais La série Angelus fait donc de son mieux pour instaurer et respecter une certaine diversité dans les « comic-books » mainstream, qui d’habitude préfèrent évoquer ces choses en surface sans explorer plus loin. Et c’est assurément un mieux !
[Xavier Fournier]
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