Dessins de Jesus Merino
Parution aux USA le mercredi 8 avril 2015
Dans Astro City, Kurt Busiek aime à cultiver les archétypes. Ici pas d’hésitation. Starfighter est une sorte de mélange entre la figure de l’aventurier sur un autre monde (John Carter, Flash Gordon, Adam Strange) et le Captain Marvel dans sa version Kree. Sauf que l’auteur, au lieu de lui trouver une fin à la manière de Jim Starlin dans Death of Captain Marvel, préfère explorer la question du héros vieillissant (une thématique qui était d’ailleurs déjà assez présente dans l’arc précédent). Du coup, Busiek arrive à quelque chose qui – tout en ayant une finalité fort différente – évoque un peu le sentiment doux-amer du Starlight de Millar et Parlov. Starfighter est un vieillard qui se souvient de son passé… mais qui n’est pas privé d’une sorte d’Happy end. Il y a une tonalité très personnelle. Le vieux Starfighter a des allures (lointaines) du vieux Rick Jones d’Avengers Forever, le jeune Starfighter ressemble au Genis de la même maxisérie et le choix de Jésus Mérino, au style associé à celui de Carlos Pacheco, n’est sans doute pas un hasard. Mine de rien, Kurt Busiek continue aussi d’installer des choses sur un plus long terme (l’allusion à une menace universelle)…
Pendant des années, Astro City a été une série qui sortait quand cela pouvait, quand les étoiles de Kurt Busiek, Brent Anderson et Alex Ross étaient alignées. Pas de doute : ces délais à répétitions ont fait du mal à la reconnaissance de la série et, depuis son retour chez Vertigo, le choix a été fait de sortir très régulièrement, quitte à changer de dessinateur pour tenir le rythme. Ce qui ne me fait pas sauter de joie (imaginez que l’on aille demander à quelqu’un d’autre de dessiner Watchmen #11 pour que Dave Gibbons ait plus de temps pour produire le #12). L’explication est nécessaire pour définir mon état d’esprit : quand Busiek ET Anderson ne sont pas à bord tous les deux, ça n’est pas vraiment Astro City à mon goût. Sauf que là, l’histoire se passant largement en dehors des limites de la ville, on a vraiment quelque chose qui tient d’un hors-série ou d’un annual qui ne dit pas son nom. Du coup, croiser Jésus Merino dans ces pages est loin d’être une hérésie. C’est différent mais cela ne choque pas. L’artiste au contraire s’en tire très bien (d’ailleurs, c’est une occasion de se demander pourquoi l’industrie des comics ne trouve pas plus l’occasion de faire appel à ses services). Un Astro City sans Anderson, donc, mais qui respire tellement le sentiment « d’escapisme », une envie de sortir des barrières connues, que cela fonctionne très bien…
[Xavier Fournier]
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