Dessins d’Alan Davis
Parution aux USA le mercredi 1er avril 2015
La figure de style qui consiste à réunir une demi-douzaine de personnages ou d’incarnations liées à une équipe ou un héros en particulier est maintenant bien connue. Du fait de son titre, Ultron Forever assume d’ailleurs sa généalogie avec Avengers Forever (et son cousinage avec des séries comme Exiles ou Captain America Corps). Al Ewing convoque ainsi le Hulk des sixties, l’Iron Man de Denny O’Neil, le Thor de Walt Simonson, une Captain America futuriste, les versions actuelles de Black Widow et de Vision ainsi que la Thor moderne (encore qu’on ne sache pas vraiment de « quand » elle provient). Tous sont réunis par un ennemi connu (mais qui n’est sans doute qu’une façade) pour libérer la Terre du joug d’Ultron. Ewing rebondit ainsi sur un futur entrevu dans le run d’Hickman (la Singularité, quand toute l’humanité a été contaminée par Ultron au XXVe siècle). Le premier réflexe est de comparer Ultron Forever aux autres sorties « Avengers » de la semaine. Et c’est nettement plus enjoué et clair que Rage of Ultron. En dehors de ses qualités propres, il faut dire qu’Al Ewing est aussi aidé par la présence d’Alan Davis aux dessins, l’artiste anglais ayant le chic pour instaurer une ambiance ou un brin d’humour n’empêche par une vraie sensation d’action. Le seul petit problème de logique qui n’est pas exploré, c’est le fait d’utiliser une équipe de gens qui ne se connaissent pas pour tenter de venir à bout d’un Ultron qui, lui, a déjà vaincu une armada bien entraînée d’Avengers. En quoi la sélection présente serait-elle supérieure. Ce n’est pas évoqué. Cela dit les auteurs l’emportent, en mettant beaucoup de panache dans leur narration.
L’autre comparaison que l’on devrait faire serait peut-être avec le crossover Age of Ultron ou encore l’arc initial de Bendis sous la bannière Age of Heroes, quand il s’agissait pour un groupe d’Avengers d’aller casser du Ultron surpuissant dans le futur. Ewing se débrouille finement pour nous donner des figures qui découlent du line-up que les gens vont voir au cinéma (Iron Man, Thor, Captain America, Black Widow, Hulk et Vision, ne manque guère qu’Hawkeye) mais dans des versions qui, pour la plupart, jouent la carte du dépaysement. Le scénariste arrive également à faire des choses intéressantes, mettre ses héros dans des situations très délicates car, s’il semble bien évident que la plupart des personnages sont destinés à s’en tirer, la moitié d’entre eux finissent dans un état d’où on est curieux de les voir revenir (à charge à Ewing de ne pas user d’une pirouette trop voyante dans le prochain chapitre). Ewing, aussi, fait monter les enchères en nous montrant un Ultron vraiment tout-puissant, ayant réussi un « coup », se plaçant dans une position de pouvoir qu’aucune de ses versions alternatives n’a égalée à ce jour. Éditorialement, c’est un peu dommage que l’on mange du Ultron à tout bout de champ cette semaine. Mais pris individuellement, Ultron Forever fait un démarrage très agréable et efficace.
[Xavier Fournier]
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