Dessin de Ardian Syaf
Parution aux USA le mercredi 7 septembre 2011
Autre série singulièrement attendue en ce mois de septembre, Batgirl restitue Barbara Gordon dans son rôle « historique » alors que l’héroïne se remet d’une paralysie qui l’aura frappée pendant trois ans. Ce n’est donc pas, stricto senso, un redémarrage à zéro. Barbara a bien été Batgirl dans une période précédente de sa vie puis, impactée par les événements de Batman: The Killing Joke, a été clouée dans un fauteuil roulant pendant des années avant une guérison indéterminée que l’héroïne qualifie elle-même de « miraculeuse » (les détails sont sans doute gardés pour des numéros ultérieurs). Pour ce qui est de la période Oracle, par contre, l’épisode ne pipe pas mot, laissant potentiellement toutes les portes ouvertes (ou fermées, selon ce que vous voulez y voir). Barbara ne semble pas être spécialement une acharnée des ordinateurs (bien qu’elle ne dise pas non plus qu’elle n’y connait rien). Motus, également, sur un passé éventuel lié aux Birds of Prey. Encore que l’héroïne semble ici très « bleue », encore très marquée par le traumatisme de son aggression. On n’a pas l’impression qu’elle ait vu beaucoup d’action pendant sa convalescence et il lui faut se reforger un moral (là où Oracle avait un caractère trempé dans l’acier). L’impression que ça me donne (mais ce n’est peut-être qu’une impression) est également que Gordon ignore que sa fille ait été Batgirl (chose qui avait été officialisée dans Birds of Prey). Rien non plus au sujet du fait que Bab serait la nièce finalement adoptée par le commissaire. On semble revenu à une version où elle a toujours été sa fille (et pour le coup cette simplification peut tout à fait se comprendre).
Après la lecture de Justice League #1 ou d’Action Comics #1, Batgirl #1 semble être un animal totalement différent, avec ses propres règles. D’un côté le peu qui est dit sur le passé récent du personnage ne peut pas totalement rassurer les fans des Birds of Prey. Mais dans le même temps l’impression donnée est que ce titre ne s’adresse pas spécialement aux « newbies ». Quelqu’un qui n’aurait jamais lu un comic-book de sa vie serait bien en peine, par exemple, de comprendre quelles étaient les motivations de Barbara pour devenir super-héroïne ou bien dans quelles conditions elle a fait ses débuts. Gail Simone ne s’intéresse pas vraiment à résumer (même en deux ou trois phrases) la génèse. Elle se concentre finalement plus sur l’élément sur lequel les puristes l’attendent sans doute plus : la jonction avec Killing Joke. Ce qui fait que la lecture de l’album d’Alan Moore et Brian Bolland devient une pierre de voute de l’ensemble. On y fait énormément référence et du coup, on aurait tendance à dire au néophyte sur le point d’acheter Batgirl #1 d’aller s’équipper d’abord d’un exemplaire de Killing Joke. Si au scénario Gail Simone tente donc de ménager la chèvre et le choux, le dessin, lui, déçoit. On a déjà vu sur d’autres projets un Ardian Syaf bien plus inspiré (la troisième page, celle où on voit pour la première fois Batgirl en costume, semble sortie d’un fanzine, l’héroïne se tenant de plus dans une pose irréaliste). Ici il n’est aidé ni par l’encrage ni, surtout, par les couleurs (un peu trop flashy à mon goût). Batgirl n’est pas une débandade. Je pense même qu’une partie du lectorat sera heureux de retrouver le personnage « réparé » après ce qui lui était arrivé dans Killing Joke. L’ennemi que Batgirl affronte est même intéressant dans ses méthodes et dans sa manière d’impressionner (involontairement) Barbara. Néanmoins, après ce premier numéro, la série a encore des choses à prouver et doit, entre autres, déterminer à qui elle s’adresse. Qualitativement, je ne suis pas certain qu’elle se place vraiment au dessus (ou en dessous, d’ailleurs) de la série Batgirl qui existait encore récemment. Espérons aussi que dans les mois qui viennent Syaf sera plus proche du tonus qu’on lui a connu ailleurs…
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