Dessin de Babs Tarr
Parution aux USA le mercredi 10 Décembre 2014
Batgirl découvre qu’il y a une fausse Batgirl dans les parages. Une femme qui vole les citoyens de la ville et qui, en prime, s’est appropriée son image, l’utilisant dans des expos d’art moderne. Le thème de l’imposture n’est pas nouveau dans les comics et l’on ne fera donc pas reproche aux auteurs de l’utiliser à leur tour. Par contre, au-delà du politiquement correct dans lequel cette série s’est drapée depuis trois mois, il y a un moment où il faut dire les choses. Le synopsis de cet épisode tiendrait sur un timbre-poste ou satisferait à peine les besoins d’un comic-book pour enfants. Regardez très sérieusement le niveau de « l’enquête » à laquelle se livre Barbara. Et expliquez-moi franchement comment son adversaire pensait pouvoir s’en tirer avec si peu de discrétion (à partir de l’expo, c’est pratiquement signé). À mi-chemin de l’épisode, on a compris où ils veulent en venir (la dégaine des « gardes du corps » enfonce le clou pour qui n’aurait pas compris). Et on occupe le reste de l’espace avec des « trucs de filles ». C’est (seulement) en partie justifié. Montrer que les personnages existent dans le XXI° siècle c’est normal et même nécessaire. Pas assez de titres le font. Par contre, il y a une question de mesure. Sur ce point pour le coup Batgirl nouvelle formule se prend les pieds dans le tapis, avec une omniprésence de pseudo-tweets et de menus de téléphones portables. Parce qu’elles sont comme ça les filles maintenant mon bon mossieur, elles font rien qu’à penser via leur portable et à rester hilares comme si elles s’étaient défoncées à l’hélium. Et pis les justicières ? Vous savez pas ? Ben elles font des selfies, mon bon mossieur, elles se regardent le nombril ! Bravo à DC Comics d’arriver à vendre cela comme du féminisme (Et je ne doute pas que les ventes, en particulier en numérique, doivent être excellentes). Mais en ce qui concerne on a fait 15 pas en arrière. Cette Barbara Gordon là, c’est la Janet van Dyne des Sixties, l’héroïne qui ne pense qu’à sa toilette et à sa vie sociale. Pour de l’héroïsme ou de l’altruisme, on repassera.
Trois épisodes, ça suffit… Je vais arrêter de lire Batgirl. Et on me dira, bien sûr, que je ne suis pas/plus dans la cible, qu’un bonhomme de 40 ans ne risque pas de se reconnaître dans cette jeune fille. Mais je ne demande pas non plus à une déesse nordique ou à un kryptonien de me ressembler. Je n’attends pas des comic-books qu’ils nous renvoient notre image. Je ne l’attendais pas de la Batgirl de Gail Simone ou d’autres versions. Mais là, la recette est ultra répétitive. Une partie des personnages sont décervelés (sérieusement, à quoi sert Black Canary là-dedans ? Tenir l’I-Phone pour prendre des photos ?). Batgirl, elle-même, a besoin d’une sorte de « Q » masculin (ben oui ma bonne dame, bricoler c’est le rôle d’un homme !). Je plaisante à peine quand j’écris ça. Cette version de Batgirl est à peu près aussi féministe qu’un épisode des Ch’tis à Mykonos ou les Anges de la Télé-Réalité (avec son obsession pour le téléphone il ne manque plus guère que le « allo quoi ? »). C’est populiste, ça flatte dans le sens du poil la gamine elle-même accro à son téléphone et à son profil FB pour parler à ses copines. C’est une version on ne peut plus caricaturale, écrite (par deux mecs) en pensant à l’identification avec « les filles ». Tout comme les Spice Girls revendiquaient un « girlpower » finalement dénué de sens. Et je pense aussi que la série fait l’erreur de ne penser qu’en temps présent. À force de singer les fenêtres de FB ou d’Instagram, elle se date. Un peu comme si dix ans en arrière on avait truffé une BD de références au Tatoo et à Tam-Tam… Batgirl, c’est du jeunisme appliqué à une histoire assez peu solide (encore une fois, bonjour le niveau de l’enquête). Le dessin de Babs Tarr est assez joli, mais la lourdeur des histoires fait que désormais je pense m’abstenir. Maintenant, je n’ai pas la prétention de penser que toutes les histoires doivent s’adresser forcément à moi. Mais fut un temps où Batgirl avait, au bas mot, quelques neurones de plus…
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