Batman est devenu ce qu’il est parce que quelqu’un s’en était pris aux siens. Encore aujourd’hui le plus sûr moyen de s’attirer le courroux du chevalier noir, c’est de s’en prendre à ses proches. Et quelqu’un a gravement blessé celui qui, à bien des égards, est le fils ainé de Bruce Wayne. Batman ne veut plus la justice, il veut la vengeance… Tandis que son adversaire, KGBeast, dans une démarche inverse, tente d’effacer son dernier point faible.
Scénario de Tom King
Dessins de Tony Daniel
Parution aux USA le mercredi 3 oct 2018
Architecte de Heroes In Crisis, il est étrange que Tom King ait choisi d’aborder en même temps, dans Batman, un schéma similaire mais non lié (ou en tout cas pas directement). Dans HiC, Batman et le reste de la Justice League sont face à des meurtres qui, à bien des niveaux, touchent la génération intermédiaire, les « anciens sidekicks » dont Nightwing fait partie. Dans l’arc en cours de Batman, Nightwing a été blessé, mutilé, irrémédiablement (bon, en vrai, on verra à l’usure) changé. Dans les deux séries écrites par King, Batman se retrouve donc au même moment dans des positions similaires et doit chercher les agresseurs, alors qu’il aurait été assez facile de transformer la chose en « tie-in » du crossover. Mais si les événements se ressemblent, la finalité est sans doute différente puisqu’HiC repose sur le mystère de l’assassin là où on connait clairement à qui l’on doit le sort de Nightwing. KGBeast est donc pourchassé par un Batman furieux, littéralement sorti de ses gonds. Dans cette perspective, ce #56 peut paraître mou par endroits puisque les deux adversaires ne se croisent pas et que l’action, les combats, restent très périphériques. Le propos de King reste très psychologique. Mais l’auteur en profite aussi pour un petit tour d’horizon de son périmètre, utilisant aussi bien un personnage lié aux New Gods (et par conséquent à sa série Mister Miracle, encore qu’il soit question d’Orion et qu’Orion, dans Mister Miracle…) ou le Bronze Tiger, déjà croisé dans des arcs précédents et installé désormais comme un contact de Batman avec la pègre et le milieu des assassins.
« No one knows anything about the beast. He kills everyone who does. »
D’ailleurs la présence du Bronze Tiger permet de faire le lien avec le dessinateur Tony Daniel, qui l’avait utilisé dans ses épisodes de Deathstroke. Du coup, visuellement, entre ses expériences précédentes avec Batman et sa connaissance de certains personnages, Daniel donne à cette histoire un caractère fluide, complémentaire de la retenue de Tom King. Batman #56 est plutôt un numéro qui fait le lien entre deux actions, utilisé pour faire monter la pression. Si l’on est intéressé que par les explosions et les combats, on peut trouver la dose un peu mince et l’histoire vite lue. Si on regarde au niveau des subtilités propres à Tom King, au contraire, le parallèle entre Batman, qui veut venger son « fils » et KGBeast, confronté à son père, permet d’installer les deux personnages comme le Yin et le Yang. L’épisode est comme une marmite prête à bouillir et promet une confrontation au sommet pour le #57.
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