Scénario de Grant Morrison
Dessins de Tony Daniel
sortie aux USA le 25 août 2010
Revenu sur la série Batman pour trois épisodes (depuis Batman #700), Grant Morrison aura multiplié les allers-retours dans le temps, que ce soit pour des flash-backs ou des voyages temporels effectifs. Batman #701-702 bouche ainsi le trou narratif qui séparait Batman RIP de Final Crisis. Et j’ai envie de dire que le mois dernier le 701 était une véritable prolongation de RIP, un épilogue qu’on ne nous avait pas donné à l’époque et qui inscrivait le héros dans un véritable sens de la fatalité. Ce mois-ci l’intrigue a quitté les événements de R.I.P. pour lorgner sur ceux de Final Crisis. Et comme cette saga était bien moins claire que les événements de la série Batman, on a quand même un peu plus de mal à entrer dans l’ambiance cette fois-ci.
Du mal, certes, mais pas une impossibilité car Morrison continue de dépeindre Batman/Bruce Wayne comme un esprit qui a un coup d’avance même quand l’issue est annoncée comme perdue. Le scénariste en profite au passage pour nous préciser certaines choses (par exemple comment la balle qui a tué Orion se trouvait en possession de Batman vers la fin de FC), voir même de les préciser un peu trop (le passage qui dissèque le fonctionnement de la Sanction Omega, avec Darkseid qui pousse la discussion ne me paraissait pas nécessaire. Mais peut-être après tout que certains lecteurs avaient besoin que certaines choses soient couchées noir sur blanc). Tony Daniel dessine un Batman au bout du rouleau, à l’air creusé, fatigué, rongé… ce qui convient à merveille avec l’état d’esprit décrit par Morrison. Et surtout on appréciera vers la fin cette scène où Bruce Wayne regarde le Mal dans les yeux et où tout se résume à savoir qui aura le dernier mot. Intéressant également de comparer la réaction d’un Batman qui croit sa dernière heure venue à celle du All-Star Superman du même Morrison, personnage qui se savait lui aussi condamné et qui se résignait beaucoup plus. Je ne sais pas si j’aurais forcément autant apprécié ce #702 sans le #701 pour lui ouvrir la voie mais conjointement il est certain que, sans rattraper pour autant la mélasse de Final Crisis, Batman continue d’y être dépeint comme un « principe », une idée qui refuse se s’arrêter. Ce qui peut tout aussi bien se comprendre dans la logique interne du récit (le héros refuse de baisser les bras) que de manière externe, comme une reconnaissance de la longévité effective du personnage.
[Xavier Fournier]
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