Avant-Première VO: Review Batman: Europa #1
24 novembre 2015[FRENCH] Projet annoncé depuis des lustres, Batman: Europa démarre cette semaine en lorgnant sur le personnage classique. C’est à dire que, bien entendu, le justicier masqué n’est pas le remplaçant aperçu ces temps-ci dans la série de Snyder et Capullo. Et le Joker est plus raccord avec celui des années 60-80. Un projet intemporel joli à regarder mais bien porté, également, par le scénario.
Batman: Europa #1 [DC Comics]
Scénario de Matteo Casali et Brian Azzarello
Dessins de Giuseppe Camuncoli et Jim Lee
Parution aux USA le mercredi 18 novembre 2015
Batman est mourant. Il ne lui reste plus que quelques jours à vivre, pour essayer, au choix, de trouver un antidote ou bien au moins le responsable, celui ou celle qui lui a inoculé un puissant virus. Mais sans doute qu’une partie du public sera attirée, dans un premier temps, par la présence de Jim Lee sur ce projet. Batman par Jim Lee, depuis une douzaine d’années, ça reste un évènement, même si pour l’occasion l’épisode est basé sur un découpage de Giuseppe Camuncoli et que Lee est plus un partenaire qu’un artiste autonome. Dans le même temps on ne peut pas faire le reproche à Lee de ne jamais expérimenter avec son style. Ici, il revient un peu sur le même effet de matière, de traitement, que son Batman: Hush, avec des crayonnés directement mis en couleurs, sans passer par la case encrage. Le fait que l’on commence, cette fois aussi, par un combat contre Killer Croc nous remémore également Hush…
« Let’s go back to the computer, Alfred. We have a lot to do before the night is over. »
Passé ce côté « terrain de connaissance », Matteo Casali et Brian Azzarello nous entraînent vers quelque chose qui est moins super-héroïque et qui tient plus d’un film noir comme « Mort à l’Arrivée ». Le héros, bien que se sachant peut-être condamné, même l’enquête à travers l’Europe. Alors bien sûr la limite de l’exercice c’est qu’aucun lecteur ne croit un instant que Batman risque vraiment d’y passer d’ici l’exercice mais cela justifie à l’intérieur du récit certaines tensions et même certaines alliances. Ce qui frappe aussi, c’est comment le scénario nous montre Alfred comme un bien meilleur détective que son employeur. En quelques cases, le domestique a compris les enjeux bien que Bruce Wayne lui-même et ses prédictions vont aller en se réalisant. L’autre tendance de Batman: Europa, c’est de jouer sur le rapport que Batman entretient avec les villes. Evoluant dans Berlin, il ne peut s’empêcher d’analyser la mégapole. Encore que, là, pour le coup, même si Casali peut revendiquer d’être européen, j’ai quand même du mal à croire qu’un scénariste berlinois aurait pondu une présentation si datée, avec Batman ressassant les liens de la ville avec la Seconde Guerre Mondiale. Dans le contexte actuel et une certaine déconstruction de Batman dans les séries mensuelles qui lui sont consacrées, Batman: Europa devrait faire le bonheur de ceux qui cherchent à retrouver un « chevalier noir » plus iconique…
[Xavier Fournier]