Dessins de Tim Sale
Parution aux USA le mercredi 16 septembre 2015
C’est presque une parabole : Captain America se réveille des années après son époque d’origine… et ce premier épisode de Captain America: White lui-même a dérivé de nombreuses années dans les limbes, si bien que l’on y croyait plus. En 2015, pourtant, White arrive et nous montre un Captain America à la fois iconique et débutant… Cela demande d’ailleurs une petite gymnastique mentale au moment de se plonger dans le récit tant, entre l’actuel remplacement par Sam Wilson mais aussi celui par le Winter Soldier il y a quelques temps, Steve Rogers n’est plus aussi « immuable » qu’il pouvait sembler l’être au moment où la production de cette minisérie a été lancée. Il faut aussi se réhabituer à un Cap qui pleure James, alors que nous, lecteurs, avons passé cette phase depuis une dizaine d’années. Le scénario de Jeph Loeb s’articule autour de deux époques de la vie de Steve Rogers, deux époques dans lesquelles, il est, pour des raisons différentes, un « blanc bec » (ou un « bleu », dirait-on plus facilement). Il est ce héros traumatisé qui s’éveille dans un monde en paix qu’il ne reconnaît pas, pour lequel il n’a pas le mode d’emploi. Et il est aussi, dans les souvenirs évoqués, ce type a peine sorti du traitement du Super-Soldat, plus habitué à être un avorton. Dans les deux cas, il n’est tout simplement pas taillé pour la vie qui s’ouvre à lui. Et Loeb nous montre d’ailleurs à quel point il est des domaines où Bucky est plus expérimenté que lui.
On retrouve bien entendu le dessin du trop rare Tim Sale, avec des planches qui donc remontent à quelques années pour les premières (au moins). Comme en plus l’artiste cultive un aspect rétro, un petit rien de Kirby, là aussi on est confronté à toute une époque. Le parti pris, visiblement, est de ne pas tricher sur les zones d’ombre, si bien que selon les pages, les variations d’encre apparaissent (c’est le cas en particulier sur la dernière page). Un effet un peu « roots », mais qui va avec l’effet rétro. 2015, c’est une année où DC et Marvel ont essayé pas mal de choses, ont arrêté tour à tout leurs univers respectifs pour les remplacer par des miniséries anachroniques. Captain America: White prend du coup un air vintage, une bouteille à la mer qui nous ramènerait vers LE Captain America et pas une version alternative à l’époque du far-west ou on ne sait quoi. Du coup, cette série arrive tellement à contre-pied de la production actuelle qu’elle en devient une proposition peut-être plus alléchante que si elle était parue 8 ans en arrière.
[Xavier Fournier]
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