Avant-Première VO: Review Cloak & Dagger #1
7 juin 2018C’est cette semaine que Cloak & Dagger font leurs débuts à la télévision américaine. Marvel espère visiblement profiter du buzz de la TV pour relancer les deux héros dans leur propre série. « La Cape et l’Epée » sont des personnages très sympathiques, des stars des années 80, trop longtemps restés sans leur propre titre. Le scénariste Dennis Hopeless fait preuve d’ambition mais est-ce suffisant pour imposer durablement ce duo ?
Cloak & Dagger #1 [Marvel Comics]
Scénario de Dennis Hopeless
Dessins de David Messina
Parution aux USA le mercredi 6 juin 2018
Lancés dans les pages de Peter Parker: The Spectacular Spider-Man, Cloak & Dagger furent de véritables révélations des années 80, ce genre de personnages (comme Wolverine, le Punisher ou, plus tard Deadpool) que l’on utilisait en guests pour faire remonter d’autres séries. A leurs débuts dans leur titre, Tandy Bowen et Tyrone Johnson, d’abord dessinés par Rick Leonardi ou Art Adamss, étaient « hot ». Et puis l’effet s’est émoussé, sans doute parce que les deux héros étaient un peu prisonniers de leur propre concept. Deux jeunes héros en fugue, c’est un préambule intéressant et pertinent. Mais à l’usure, une fois qu’ils copinent avec les X-Men et les Avengers, il devient difficile d’expliquer qu’ils soient toujours SDF. L’attraction entre Cloak et Dagger, selon les scénaristes, peut aussi ressembler très fort à une sorte de relation toxique, Cloak vampirisant pratiquement sa partenaire. Qui plus est au fil des décennies nombreux sont les auteurs qui ont tenté un retour aux bases, donnant l’impression d’une stagnation. Avec une série TV qui démarre, forcément, par la case départ, on pouvait craindre encore un énième retour en arrière. Mais Dennis Hopeless évite ce piège. Au contraire. Du temps a passé. Cloak et Dagger se sont éloignés et Tandy a fait sa vie. Elle est devenue une super-auxiliaire de Police. Elle ne pense plus guère à Cloak que comme un ex assez envahissant. Mais elle se retrouve bientôt dans une situation où elle doit sérieusement se demander si elle couvre encore les arrières de son ancien partenaire.
« People see costumes and get it twisted. Always have. »
Cloak & Dagger tels qu’écrits par Hopeless, ce n’est donc franchement une histoire de super-héros. Plutôt des personnages post-super-héroïques qui sont pris malgré eux dans une enquête policière. Cela a le mérite de construire, de ne pas s’en tenir à la base connue, sans pour autant la trahir. Le hic tient au dessin. David Messina est un artiste sympathique, capable de belles choses mais aussi, à l’occasion, d’incompréhensibles sautes de style et de qualité. C’est le cas ici. Si les premières pages semblent surtout souffrir d’une petite faiblesse d’encrage, le dessin et la composition partent ensuite de façon totalement aléatoire. La page où une brute lance Dagger contre un miroir est tout simplement en deçà du niveau qu’on est en droit d’attendre de la part d’un des big two. Et Messina lui-même vaut mieux que ça. En bas de la page, l’homme n’est plus représenté que comme une mélasse de muscles anatomiquement improbables. Ces sautes d’humeur visuelles nuisent à la lecture et plombent les efforts du scénariste. Clairement, on n’imagine pas que la série puisse séduire le public avec un tel résultat. Bien dommage, parce qu’Hopeless avait de l’idée.
[Xavier Fournier]