Dessins d’Evan Shaner
Parution aux USA le mercredi 27 mai 2015
Dans la myriade de mondes possibles à utiliser dans le cadre de Convergence, hériter de Fawcett City, de Captain Marvel et de ses variations n’est sans doute pas la chose que l’on puisse imaginer. Le monde de Shazam, avec ses enfants qui se transforment en super-costauds mais aussi un tigre qui parle et qui s’habille en complet, ses règles basées sur la magie et sur un côté naïf, idéaliste, n’est pas totalement compatible avec les univers plus sérieux qui font la loi depuis quelques décennies. Si bien d’ailleurs que DC a dû se résoudre à une refonte assez massive du concept. Ne vous méprenez pas, j’aime bien la version Johns/Frank ressortie récemment dans Justice League. Mais le Captain Marvel d’avant, c’est une sorte d’anti-Dark Knight, un personnage et un monde où la capacité d’émerveillement, d’optimisme, est presque un superpouvoir en soi-même. Pour corser le tout, Grant Morrison lui-même a utilisé une variation de Captain Marvel dans son Thunderworld de Multiversity, lorgnant lui aussi sur la question de l’innocence. Repasser si tôt derrière était encore une difficulté de plus pour le scénariste Jeff Parker. On le sait pourtant amateur et expert de l’écriture de personnages rétro (Agents of Atlas, par exemple). Et il se tire ici merveilleusement bien des multiples défis, écrit les personnages comme des icônes non pas démodées mais « vintages ». Il a tout compris quand, au milieu de l’aventure et de la difficulté, son Captain Marvel prend le temps de profiter de l’instant. Même en pleine bataille, Captain Marvel n’oublie pas de s’émerveiller : « It feels so great to fly ».
Pour le dessinateur Evan Shaner, la difficulté est autre puisque les héros innocents de l’univers de Shazam se heurtent à l’univers de Gotham by Gaslight, œuvre référencée et reconnue s’il en est. N’est pas Mike Mignola qui veut et Shaner ne prétend pas l’être d’ailleurs… Mais il trouve le moyen d’unir graphiquement ces deux concepts aux antipodes dans une mystique commune. Parker et Shaner gèrent aussi très bien la confrontation. Dans d’autres séries du crossover, la ville ennemie prend souvent des allures d’envahisseur, même quand les personnages concernés ne sont quand même pas connus pour jouer les assassins. Là, la rencontre des caractères et des esthétiques est forte, tout en adoptant un cheminement organique et naturel. Si bien que rapidement on n’en a plus rien à faire de Convergence, des histoires de Telos ou Deimos avec lesquelles les autres spin-offs se sont enquiquinés. Convergence: Shazam a une identité propre. J’imagine que cela fonctionne plus ou moins bien selon que l’on connaisse les personnages de départ. Mais cela tient debout. De façons différentes, on en arrive à un résultat qui, en qualité, est équivalant à celui du Convergence: Question de Greg Rucka. Si c’est la dernière occasion de voir, dans cet état, ces personnages, alors Parker et Shaner arrivent à rendre justice aussi bien à Shazam qu’à Gotham by Gaslight. Et le tout avec une joie tangible !
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