Avant-Première VO: Review Crossed Plus One Hundred #1
3 décembre 2014[FRENCH] Alan Moore s’invite dans l’univers de Crossed pour se demander ce que peut donner cette apocalypse d’infectés sur le long terme. Finalement, beaucoup moins de tueurs vicieux que l’on pourrait le croire, toute la question étant de savoir si l’on assiste si le monde va se reconstruire ou si l’on assiste aux derniers feux de l’humanité.
Crossed Plus One Hundred #1 [Avatar]
Scénario d’Alan Moore
Dessin de Gabriel Andrade
Parution aux USA le mercredi 3 Décembre 2014
L’annonce d’une mini Crossed menée par le scénariste Alan Moore (et le dessinateur Gabriel Andrade) a été une vraie surprise. Elle vient se greffer sur un univers qui, passé les premiers projets et l’effet de surprise, s’est souvent plus à aller de transgression (cannibalisme, inceste, etc.) en transgression mais aussi (à mon humble avis) de moins en moins d’intérêt. D’une certaine manière, il y a presque un métacommentaire de cet état des choses dans Crossed Plus One Hundred, alors que les humains ont évolué dans leur vocabulaire, leurs expressions, et parlent du début de l’infection comme étant « la surprise ». One Hundred se passe 100 ans après « la surprise »… et nous ramène un monde neuf où, en théorie, les choses ne sont pas si désespèrées que cela. Les humains sont en passe de reprendre le dessus, les Infectés étant réduits au rang de quelques bêtes égarées, pas assez nombreuses pour résister à d’autres prédateurs. C’est une donne différente, donc. On ne va pas d’une scène à une autre en se demandant si un dingue ne va pas empaler un animal ou quelque chose du genre. Moore (en tout cas sur ce premier épisode) ne s’intéresse pas tant à l’Infection qu’à l’idée de ce que deviendrait l’humanité 100 ans après une apocalypse. Au début, on se dit que Moore n’a pas fait preuve d’une subtilité énorme en baptisant son héroïne « Future Taylor ». Et puis en découvrant d’autres prénoms (comme « Forward ») on comprend que ces gens sont pris entre l’optimiste de la reconstruction et le fatalisme qui découle d’un siècle de survie dans les décombres.
À ce stade, ne cherchez pas l’Alan Moore de Promethea, Supreme ou Tom Strong dans ces pages. Le côté « exploratrice » de Future Taylor aurait plus à voir avec sa Janni Dakkar (la fille de Nemo) mais bien entendu dans un contexte fort différent, où l’auteur travaille aussi bien sur le phrasé des humains du futur qu’à celui des Infectés (« Packemin! »). Gabriel Andrade, aux dessins, nous donne quelque chose de clair, qui ne cultive pas l’effet « des tonnes de sang partout ». Il y a un peu de tripes par endroits mais finalement assez peu par rapport à ce que l’on a pu connaître sur d’autres chapitres de Crossed. En fin de compte, si Crossed Plus One Hundred peut compter sur de nombreux lecteurs fans de Moore, la série semble être l’occasion de reprendre des nouvelles de Crossed alors que les dernières productions se télescopaient de façon bien trop mécanique. Et c’est aussi un projet qui se laisse lire sans trop de problèmes pour qui n’aurait jamais lu un Crossed de sa vie.
[Xavier Fournier]
Un nouveau chef d’oeuvre d’ Alan Moore, je suppose?