Dessins d’Andy Kubert et Frank Miller
Parution aux USA le mercredi 29 juin 2016
Voilà un numéro qui déroutera un peu les fans de la première heure du premier Dark Knight de Miller, puisqu’ici on s’éloigne des sous-entends sociaux et politiques – à part une petite pique sur le potentiel pour l’auto-destruction de l’humanité et Wonder Woman qui évoque l’isolationnisme – pour aborder quelque chose de résolument plus super-héroïque, au premier degré. Il s’agit pour les forces de Batman de réunir ce dont ils peuvent disposer. Armes sous-estimées ou alliés brisés, les deux catégories deviennent des deus ex machina pour faire avancer le récit et, en un sens, ce cinquième épisode de Dark Knight III a plus le ton d’un comic-book des années 80 pré Dark Knight. Ce qui en un sens est logique puisque depuis DK2, Miller avait voulu prendre le contrepied des décryptages politiques et revenir à des super-protagonistes. Pour autant, cela reste au-dessus de DK2, tandis qu’Andy Kubert, au fil des épisodes, reprend des marques personnelles (la scène des krakens remontant leur trophée est clairement raconté selon une scénographique qui, pour le coup n’est pas très millerienne).
« Fear is why I don’t kill. »
Au passage Azzarello et Miller en profitent pour remettre les pendules à l’heure, sachant que la philosophie du monde de Dark Knight a été maniée à tort et à travers pour justifie, par exemple, le fait que Batman tuerait dans le film de Zack Snyder. Le vieux Bruce Wayne le dit cette fois en toutes lettres, noir sur blanc, pour ceux qui n’auraient pas suivi… Batman ne tue pas. Mais s’il faut pister les petites traces de portée politique dans ce numéro, on gardera aussi ce discours sur la peur (et par extension la « terreur », avec tout ce que ça implique par les temps qui courent), une sorte de ligne de démarcation que les deux scénaristes installent contre le fanatisme. On a parfois reproché à Miller de se laisser guider par sa peur. Azzarello trouve ici les mots pour donner une importance à cette peur. Reste que c’est quand même le premier degré qui l’emporte dans ce numéro et une sorte de renversement assez rapide, de changement de la donne. Inversement le minicomic proposé, centré cette fois sur Lara, est assez dispensable et on aurait pu utiliser les pages à autre chose (par exemple la réaction de la commissaire).
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