Avant-Première VO : Review Darkness/Pitt #2
21 septembre 2009[FRENCH] Que font Darkness et Pitt quand ils se croisent ? On serait tenté (mais seulement tenté) de ressortir la formule convenue « D’abord ils se rencontrent et s’affrontent, ensuite ils deviennent amis », s’attendant à tomber sur un cliché propre aux comics et aux « buddy movies ». Mais non. S’ils se tiennent en respect l’un et l’autre, il faut plutôt comprendre l’expression comme se « tenir en joue ». L’alien baraqué et le gangster maître des ténèbres n’ont pas franchement la même conception des choses.
Darkness/Pitt #2 [Top Cow]
Scénario de Paul Jenkins
Dessins de Dale Keown
Sortie américaine le mercredi 23 septembre 2009
Après s’être copieusement sauté à la gorge dans le premier épisode, Pitt et Darkness en sont arrivés à une sorte d trêve fragile, en attendant d’affronter un ennemi commun : un virus venu de l’espace qui risque d’éradiquer l’humanité en quelques années. Or, nous voici avec deux anti-héros dont les pouvoirs sont essentiellement physiques et (comme c’est d’ailleurs souligné quelque part dans l’épisode) on ne tue pas un virus avec une balle. Il va donc falloir trouver d’autres méthodes pour venir à bout de la menace…
Les deux tiers de l’épisode laissent la part belle à une certaine introspection confrontant les points de vue de Darkness et Pitt. L’un devient presque une caricature de lui-même tellement c’est un enfant de salaud toujours prêt à sortir un commentaire homophobe. En même temps chronologiquement l’impression que ça donne est que tout ça se passe avant la série Darkness écrite par Phil Hester, je ne suis pas sûr que l’actuel Estacado serait aussi lapidaire dans sa philosophie. Sous ses faux airs de Hulk, The Pitt, lui, semble avoir lu un traité philosophique du Silver Surfer et, sans être un enfant de chœur, tente d’élever le débat, ce qui est un bon moyen de réintroduire la mentalité du personnage pour un lectorat qui l’avait perdu de vue depuis quelques années.
Que les amateurs d’action se rassurent, sur le dernier tiers du numéro la baston et le gore reprennent leurs droits, dans une ambiance que Dale Keown avait déjà établi il y a des années de çà dans sa propre série « The Pitt ». Au passage, si Keown reste fidèle à lui-même (son style n’a pas changé d’un pouce, au point qu’on a l’impression qu’il a voyagé dans le temps, comme s’il était directement transporté depuis l’an 2000 et ses Pitt précédents) le moins qu’on puisse dire est qu’il ne donne pas dans la fumisterie. Ici, Keown dessine et encre lui-même. Or, on notera sur certaines scènes (regardez la page 8, quand vous aurez l’occasion de la découvrir) qu’il ne s’épargne rien. L’artiste montre ainsi qu’il ne fait partie de ceux qui trichent et laissent le coloriste combler le vide du manque de décor. Certaines cases se passant dans les sous-bois sont riches de détails, la moindre feuille étant représentée. Certes si vous avez toujours été allergiques au style de Keown jusque là, rien ici ne vous convertira mais les aficionados de ce dessinateur trop rare ces dernières années le retrouveront en grande forme.
[Xavier Fournier]