Dessins de Tony Daniel
Parution aux USA le mercredi 7 septembre 2011
Sur la fin de son run sur Batman, Tony Daniel m’avait un peu perdu avec la prédominance de personnages comme le Riddler ou Catgirl en guest-stars/adversaires réguliers, qui prenaient autant d’espace à Batman (Dick Grayson). Aussi en ouvrant ce tout nouveau Detective Comics #1, je me demandais si nous allions reprendre encore une louchée des mêmes personnages. Mais non. Là, Daniel frappe directement à la tête et s’attaque à l’adversaire sans doute le plus iconique de Batman, le Joker. Mais avant il effectue un tour du périmètre, montre que les relations de Batman (qui n’est plus Dick Grayson, donc) avec la police sont à nouveau tendues. Au point d’ailleurs qu’à un moment je me suis demandé s’ils n’avaient pas pûrement annulé l’existence de Batman Inc. et le fait que Bruce Wayne était désormais le visage légal d’une force de frappe internationale. Cela ne me semblait pas très conciliable avec des policiers tirant sur tout ce qui ressemble à une chauve-souris. Finalement, non, au bout de quelques pages Daniel précise un peu les choses. Batman a toujours son Bat-Signal et son « pignon sur rue » à Gotham. Mais assez de flics de la ville restent véreux pour ménager la chèvre et choux. Ce qui peut paraître plus bizarre est la mention d’un Docteur Arkham travaillant à l’asile du même nom. Sachant qu’il n’y a pas si longtemps le même Tony Daniel en avait fait un fou criminel finalement enfermé dans sa propre institution, le voir à nouveau « intégré » laisse entendre que toute la saga récente de Black Mask est invalidée ou en tout cas à revoir. A moins que le docteur Arkham ait un frère. Curieux en tout cas…
Aux dessins, Daniel revient en forme, avec quelques planches plus inspirées que dans ses précédents Batman. Mais c’est bien à la fois par la scénographie et la dureté de son propos que le scénariste se singularise cette fois, vibrant un peu de la même verve que Morrison dans ses premiers épisodes batmaniens. On retrouve un peu l’énergie de cette scène d’ouverture où le Joker se prenait une balle en pleine figure. Ou encore sa réapparition à l’asile d’Arkham. Quand au nouveau personnage, Dollmaker, on peut se demander si ce n’est pas une sorte de Professor Pyg. Que ce soit conscient ou pas, Tony Daniel joue un peu avec les mêmes ressorts que le Joker de Christopher Nolan, celui qui enfonce un crayon à travers une main sans même tiquer. A partir de là il est certain que le personnage, vu par Daniel, est noir. Plus gore encore que d’habitude dans les comics. La fin est sanglante, fait hausser le sourcil et on ne peut que se demander ce qui se passe, quel est le plan après ça… Pour un numéro qui vise une nouvelle clientèle un tel rebondissement est singulièrement gonflé et nous montre en tout cas que les « new 52 » ne sont pas qu’un jeu de soustraction où on enlève des éléments classiques. D’emblée, la série surprend et on attend du coup en trépignant le numéro suivant. Une « bonne pioche », assurément…
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