Arrivée aux deux tiers, Doomsday Clock en revient à sa promesse d’origine, à savoir la confrontation de Superman avec les éléments issus des Watchmen (encore que cette fois ce soit de façon indirecte). Superman, la confiance incarnée, vole au secours d’un autre héros incriminé dans les pressions internationales. Mais s’il veut faire le bien, la route qui mène à l’enfer reste pavée de bonnes intentions.
Scénario de Geoff Johns
Dessins de Gary Frank
Parution aux USA le mercredi 5 décembre 2018
Et tout à coup, les choses s’accélèrent et même basculent. Il reste un doute légitime que Geoff Johns arrive à répondre à toutes les questions dans les quatre derniers numéros à venir. Les raisons pour lesquelles Doctor Manhattan est mêlé au reboot de 2011 restent nébuleuses… On ne comprend toujours pas pourquoi il lui fallait écarter Wally West et tuer quelques autres personnages. Mais on est passé d’un rythme où Mime, Ozymandias et les autres contemplaient les choses, visitaient l’univers DC, à quelque chose où l’univers en question est plus directement affecté par leur présence. Jusqu’ici, l’effet était surtout limité au seul Batman mais, à travers Superman, on change de cran d’autant plus que le surhomme devient, à son tour, le visiteur et voyage à travers différents pays, fictifs ou réels. Après de nombreux épisodes centrés sur le sort des personnages (ex-Watchmen mais aussi d’autres personnages liés à la Justice Society et la Legion of Super-Heros), Johns ménage encore quelques effets de ce genre, avec le premier aperçu réel d’une des deux équipes disparus, mais sans en faire trop à ce stade. Il se garde visiblement l’emphase pour la suite. On notera aussi qu’avec une scène qui permet de revisiter les bureaux du Daily Planet, on reconnait bien en Johns et Frank l’ex-équipe créative de Superman: Secret Origin. Au point d’ailleurs que les deux sagas pourraient être lues dos à dos. Mais c’est ailleurs qu’il fait chercher la spécificité de ce numéro.
Le fait est que, pour l’instant, il est plus intéressé par une certaine politisation du propos, en important, par exemple, Poutine dans l’histoire. Puisque la comparaison avec Watchmen est inévitable (et pour cause) et à défaut d’être à la hauteur de Watchmen, il y a un degré de lecture qui faisait défaut à Doomsday Clock. Celui de la « lecture politique ». Alan Moore et Dave Gibbons produisaient dans un monde où la Guerre Froide, bien que tirant vers sa fin, était toujours la donne et où l’Apocalypse semblait liée à une « inévitable » troisième guerre mondiale entre les USA et l’URSS. Les premiers épisodes de Doomsday Clock l’ont joué « light » sur ce plan-là, n’ayant pratiquement aucun discours particulier, à part quelques vagues annotations dans les bonus de fin. Cette fois, Johns entre de plain-pied dans la géopolitique, dans un monde où la diplomatie passe par les fake news, qui n’est plus seulement bilatéral. Moore se posait la question du super-héroïsme dans la guerre froide. Johns transpose l’interrogation et semble aussi répondre, par une démonstration, aux détracteurs habituels des super-héros, ceux qui voient en eux soit des « idiots utiles », soit des dictateurs fascistes en puissance. Le pouvoir, c’est aussi savoir comment et quand ne pas s’en servir. Au-delà des capes, des cagoules et des slips, Johns se met d’un seul coup à parler de notre époque clivante, où il est aisé de choisir un camp en pensant bien faire. Mais où par conséquent choisir un camp c’est choisir l’affrontement, la guerre. Il y a une nuance entre prendre parti ou s’interposer. Et là Johns ne parle plus du tout de Superman, Firestorm, Doctor Manhattan ou des autres. La parabole s’étend aussi bien à des théâtres de guerre qu’à des oppositions politique qu’on peut voir aux USA ou **koff** ailleurs. D’ailleurs cette même semaine, il y a un passage dans Shazam #1 où le même scénariste fait allusion aux guerres qui ont opposé la population américaine et au nécessaire besoin de reconstruction. On a peu l’habitude de voir Johns, souvent plus intéressé par des questions de continuité, s’aventurer sur ce terrain politique (sauf peut-être au moment où la JSA affrontait Black Adam pour le sort du Moyen-Orient). Il apporte ici quelque chose qui manquant à Doomsday Clock. Peut-être même la petite graine qui, en un sens, si la série était le centre d’un crossover, pourrait déboucher sur une sorte de Civil War de DC Comics. Il est même étonnant que l’éditeur n’ait pas tenté des spin-offs pour nous montrer les réactions des uns et des autres. Mais Doomsday Clock se passe « un an dans le futur de DC » et à l’évidence les quatre épisodes restant ne suffiront pas à tout raconter. Peut-être que la suite inévitable se répercutera dans les autres titres. Savoir, en revanche, si DC osera s’aventurer durablement sur le sujet des tensions politiques… D’ici là, la phase finale de Doomsday Clock devra être à la hauteur des ambitions.
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