Dessins de Humberto Ramos
Parution aux USA le mercredi 4 novembre 2015
Après avoir lu le déplorable Uncanny X-Men #600, Extraordinary X-Men #1 (soit, donc, la relance des X-Men par Jeff Lemire et Humberto Ramos) est sujet à deux poussées inverses. D’abord, comme on a encore la fin du run de Bendis en tête, cela demande une certaine gymnastique mentale pour intégrer de nouvelles règles du jeu. Ensuite, Lemire dispose d’une voie royale pour redorer le blason des mutants et il faut sans doute se méfier des effets de contrastes qui pourrait faire que, par opposition, on pourrait lui passer plein de choses que l’on n’aurait pas toléré de ses prédécesseurs immédiats. Pourtant, il faut le dire, malgré ces réserves, la lecture d’Extraordinary X-Men #1 est agréable puisque ce premier épisode retrouve la dimension « Mutants = malaimés » d’antan, même si on connaît la recette : La nouvelle phase des X-Men revient finalement sur deux époques antérieures de la série. A savoir que la peur de la M-Pox ou la problématique de la fertilité des mutants font furieusement penser à un croisement entre le Legacy Virus et Decimation/End of The Species. A ceci s’ajoute un manque d’explications (mais là c’est volontaire, Marvel souhaitant entretenir le suspens de ce qui s’est passé dans les moins manquants). On ignore donc ce qui s’est passé avec Cyclops et on peine à comprendre le niveau de dangerosité que courent les mutants restés en arrière. D’un côté, on nous dit que le contexte est mortel, de l’autre certains mutants (Jean, par exemple) n’ont pas l’air de souffrir de la moindre retombée. Mais une fois établies ces limites, c’est bien la sympathie qui l’emporte, car Lemire se recentre sur les personnalités individuelles de ses mutants.
« Can you blame me for being selfish ? For wanting something else ? »
D’ailleurs, on pourrait croire – mais ce serait, je pense, de la parano – à une véritable réponse du berger à la bergère, dans la manière de gérer certains héros par rapport à l’ère Bendis. Insupportable mademoiselle je sais tout ces derniers mois et donneuse de leçons sur la manière de s’assumer à des personnages qui ont quinze fois son expérience, Jean Grey passe ici dans le siège opposé. Et c’est bien plus compréhensible et naturel qu’elle doute tandis que d’autres (y compris Iceman) lui montrent la voie. Lemire gère bien Bobby Drake, aussi, en s’occupant là aussi d’abord de ses propos et de ses actes (on assimilera sans doute à la longue les révélations récentes). Pour ce qui est de Colossus, le nouveau look « hipster » fera peut-être grincer quelques dents de non-hipsters mais la discussion avec sa sœur, là aussi, me semble beaucoup mieux sentie que ce que l’on a pu voir dernièrement. Seuls petits bémols : l’idée de maintenir le suspens sur le membre final alors qu’on l’a sur la couverture. Et aussi les méchants de service, un peu basiques et peu imposants. Globalement, pour un premier épisode c’est intéressant et surtout Extraordinary X-Men peut compter sur les dessins d’un Humberto Ramos revigoré par son changement de crémerie, qu’on s’était habitué à voir sur Spider-Man dans une ambiance très codifiée et qui se permet ici des effets de style très énergiques. Je ne suis pas certain que l’intrigue sur la M-Pox m’intéresse beaucoup (en fait ce serait bien qu’on passe assez vite à autre chose) mais le casting et la tonalité générale font que je suis intrigué et Lemire démarre très bien sur ce titre.
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