Avant-Première VO: Review Fatale #18

[FRENCH] Amnésique, Jo n’a pas perdu que la mémoire mais jusqu’à son identité, sa nature. Elle a non seulement oublié qui est elle mais aussi ce qu’elle est. Et une femme fatale de cette trempe qui n’a plus aucune conscience de ce qu’elle est, c’est comme un enfant qui jongle avec un flingue chargé. Et les ennuis, qui ne sont jamais bien loin, vont vite la retrouver…

Fatale #18 [Image Comics] Scénario d’Ed Brubaker
Dessin de Sean Phillips
Parution aux USA le mercredi 6 novembre 2013

On aura compris des mois à quel point j’apprécie la série Fatale. Mais cet épisode-là, c’est quelque chose. C’est Brubaker et Phillips, au top, activant une mécanique sans pitié dans laquelle les personnages mais aussi le lecteur sont happés. Après les incidents du dernier mois, Jo a du tuer un admirateur beaucoup trop pressant. Les amis du mort ? Fascinés, séduits, ils ne pensent qu’à deux choses : protéger Jo mais aussi s’assurer de la bonne marche du tournage de leur clip. Le mort ? Bah il est mort, le mort. Il ne faut surtout pas téléphoner aux flics, sinon on leur prendra leur muse et adieu tout espoir de clip. Tous les hommes sont des pantins entre les mains de Jo. L’ennui, c’est que la « marionnettiste » n’est pas vraiment aux commandes, dans cet état, et que son pouvoir est passé pratiquement en pilote automatique, sans personne pour le freiner.

Et là, Jo devient celle qu’on voit sur la couverture. La séductrice sulfureuse, vénéneuse, dangereuse car inconsciente de sa puissance. Et quand vous mélangez tout ça aux puissances dignes de Lovecraft qui hantent cette série, vous arrivez à un truc de malade, comme si on avait passé la Brigitte Bardot du « Et Dieu créa la Femme » de Roger Vadim dans le même mixer que la Salma Hayek de From Dusk Till Dawn. Danser pour un clip devient un acte fiévreux, digne des bacchanales antiques. La pression monte, de manière tangible. Cette fille là est comme un flingue chargé qui cracherait non pas des balles mais des pulsions démoniaques. Et elle est comme un puits de gravité qui déformerait le destin des gens qui gravitent autour d’elle. Après 18 épisodes passés sur un thème en apparence simple (LA séductrice à qui rien ne résiste) je pense que beaucoup d’auteurs auraient déjà commencé à se répéter. Mais là, sous la double houlette de Brubaker et Phillips, ca reste redoutable. Non, fallait pas appeler la police, non… Tu parles, la phrase reviendra les hanter jusqu’au bout, comme si elle tournait dans une boite à musique. Un must !

[Xavier Fournier]

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