Dessin de Sean Phillips
Parution aux USA le mercredi 30 juillet 2014
L’ultime épisode de Fatale est une fin naïve à plusieurs niveaux. Une naïveté assumée, pour une part, dans les premières pages, avec un retour en arrière, vers les racines de l’archétype, où Sean Phillips cherche en lui un style plus symbolique et caricatural. Oui, l’histoire de Fatale, à l’évidence, c’est quelque chose de basique. Les auteurs le reconnaissent ici. Ne croyez pas que je cherche à minimiser ici Fatale. Bien au contraire, qu’on puisse, avec une trâme si classique, arriver à exercer une telle emprise, un tel charme, est une preuve des talents respectifs et combinés de Brubaker et Phillips. Mais la naïveté n’est pas qu’un effet de palette. Elle est aussi dans la structure de ce dernier épisode où il faut régler la chose. C’est dans une des dernières scènes que tout se joue. Et par la force des choses on ne peut qu’être frustré par une résolution qui repose sur quelques gestes. Après des décennies de fuite, le sort de Jo se décide en cinq minutes.
Mais il n’y avait tout bonnement pas de manière de faire autrement. L’arrêt, la fin de la fuite en avant, ne peut passer que par un sentiment de frustration. D’autant que la fin réserve un épilogue doux-amer, une issue dans laquelle les vainqueurs n’ont pas obligatoirement de quoi célébrer la fin du combat. Ou peut-être que si, justement. Il y a une acceptation de la vie et de là où elle mène. Non seulement un être qui fait face à la mort mais aussi un personnage qui regarde en souriant la fin de son histoire. Il n’y a pas de fin heureuse mais des personnages heureux d’en finir. A moins que certains restent pris dans un puit sans fond. La fin de Fatale est naïve, oui. Certains la trouveront facile. Mais elle est belle. Et au bout du compte ces 24 épisodes forment un bel ensemble, une pierre de touche. A coups de Sleeper, d’Incognito, de Criminal… Brubaker et Phillips ne nous avaient pas déçus jusqu’ici. Mais Fatale, la série qui les amené chez Image, restera sans doute un point fort dans la carrière du tandem (Brubaker lui-même a l’air de cet avis dans le courrier des lecteurs). Fatale c’est fini. Mais, de la même manière que l’important là-dedans n’était pas la trâme mais bien la manière, Fatale se réincarnera le mois prochain. Le titre ? Les personnages ? L’histoire ? Peu importe. Ce qui compter ce sont les narrateurs. Et le tandem Brubake/Phillips font leur regénération, changent les visages, le récit, mais reviennent le mois prochain avec The Fade Out.
[Xavier Fournier]
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