Dessin de Frank Cho
Parution aux USA le mercredi 10 Décembre 2014
Brian Michael Bendis a le chic pour raconter des événements en dehors de la séquence chronologique. Cet annual de Guardians of the Galaxy le démontre bien, avec une histoire qui, chronologiquement, ne peut guère se dérouler qu’après l’arc en cours dans la série principale (Carol et Venom n’ont pas vraiment passé du temps ensemble jusqu’ici sur le vaisseau et cela ne fonctionnerait pas « avant »). Mais plus encore la chose fonctionne assez bizarrement face à des événements récents comme Original Sin ou d’autres éléments encore. Captain Marvel a le mal du pays et enregistre un message pour ses amis sur Terre quand d’un seul coup déboulent Nick Fury et le S.H.I.E.L.D. classique au grand complet. À partir de ce moment-là, que se passe-t-il ? Je ne sais pas vous, mais le scénario est assez transparent et l’on envisage la solution dès que l’on voit apparaître les personnages et de ce côté-là, Bendis fait chou blanc. Il s’embrouille aussi les pinceaux dans la chronologie des choses avec cette référence à Jessica Drew liée immédiatement à l’après-guerre Kree-Skrull (?), qui fonctionnerait si l’on parlait de Secret Invasion ou de je ne sais quoi du genre. Cela m’a beaucoup fait penser à cet épisode des New Mutants où des clones des X-Men partent dans l’espace pour devenir des chasseurs de Broods. Le mécanisme de fond est donc plutôt poussif.
Par contre, la séquence d’introduction et sa conclusion, liée à Carol, fonctionnent assez bien. Bendis lui donne de l’âme et même les cases de « talking heads » (qu’on n’avait pas vu depuis un moment dans l’oeuvre du scénariste) s’animent assez bien sous le trait de Frank Cho. Le dessinateur, que l’on aurait tort de limiter à de jolies filles en bikini, montre ici son registre d’expressions faciales. Et on peut se demander si, à travers la voix de Carol, Bendis ne regrette pas l’époque où il écrivait les Avengers (ou en tout cas la bande à Luke Cage). Mais même ce moment d’émotion sympathique est construit sur du sable. Cela fonctionnerait si Carol était vraiment la seule humaine du groupe (en oubliant Flash et, dans une certaine mesure, Peter lui-même). De jolis dessins et quelques bonnes répliques, donc, mais ce Guardians of the Galaxy Annual laisse finalement le goût d’un fill-in plus qu’autre chose.
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