Dessins de Dustin Weaver
Parution aux USA le mercredi 27 mai 2015
Je ne suis pas très chaud lorsqu’une série emprunte le nom d’une intrigue connue pour se lancer dans quelque chose de totalement différent. Exemple pas plus tard que la semaine dernière avec Planet Hulk, qui (sans parler de ses mérites propres) est tout sauf une continuation de l’arc classique où Hulk était gladiateur sur une planète étrange. Au demeurant, c’est donc de manière prudente que je me suis lancé dans la lecture d’Infinity Gauntlet. Le fait est cependant que le travail de Dustin Weaver balaye toutes les réserves que l’on pourrait avoir. Oui, ce n’est pas du Starlin, ce n’est pas « Infinity Gauntlet canal historique » mais d’emblée les dessins de Weaver nous proposent une fresque apocalyptique où quelques humains sont pourchassés parmi les ruines, attaqués par les insectes de la Zone Négative. Il y a un peu de « la Route » ou de « Je suis une légende » dans les villes dévastées de Weaver et dans cet amour familial qui transparaît.
Car c’est ce qui est vraiment rafraîchissant (en tout cas dans ce premier épisode). Infinity Gauntlet est centré sur ceux que l’on oublie trop souvent dans les crossovers : les gens normaux, le peuple, les « petits »… La plupart du temps les auteurs préfèrent charger les scènes à coups de versions alternatives des Avengers ou de la Justice League. Là, les protagonistes sont d’un tout autre ordre. Le père entretient ses deux jeunes filles dans l’idée que leur mère est partie se battre dans les étoiles parmi le Nova Corps. Sans non plus en faire des tonnes, c’est touchant. C’est une sorte de discours à la « Maman est partie au ciel » et pendant une partie de l’épisode on se demande non seulement si le père croit vraiment qu’elle reviendra… mais aussi si la mère est réellement une des Nova, si ce n’est pas un plan façon « la vie est belle ». Il n’y pas de hordes de héros à cape pour sauver ces gens et les voici qui fuient devant les bêtes, qui s’accrochent à la vie. Cette famille-là a sans doute plus en commun avec les Grimes de Walking Dead qu’avec le tout-venant des supporting casts de récits de super-héros. Le résultat est magnifique, humble, humain. Non, ce n’est pas l’Infinity Gauntlet d’antan, mais c’est un bon boulot !
[Xavier Fournier]
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