Dessin de Keith Giffen
Parution aux USA le mercredi 11 juin 2014
Dans les premiers mois des « New 52 », Dan Didio et Keith Giffen ont connu un succès d’estime (bien que nullement commercial) avec Omac. Les voici qui retouchent aux personnages lancés par Jack Kirby avec cette nouvelle série, refonte des Forever People. Première constatation : le reboot sent une formule assez vue ces dernières années. C’est-à-dire que ces jeunes dieux (qui ne sont sans doute pas si jeunes comparés à nous mais qui en ont l’effluve) sont un peu braindead et n’exprime leur personnalité qu’à travers des disputes et de l’apathie. À la rigueur le clash entre Vykin et Moonrider, sur fond de « frère protecteur », fait le plus de sens. Mais Beautiful Dreamer nous revient ici peignée comme si elle était passée sous le bus et avec des interventions totalement hallucinées. Ce n’est pas propre à DC mais ces derniers temps les deux gros éditeurs me semblent être à la peine pour représenter des « jeunes » autrement que comme un empilement de pouvoirs et des prises de têtes à n’en plus finir. C’était déjà la recette des Teen Titans de Lobdell et là on nous refait un peu le coup. Encore que ce n’est qu’un premier épisode et que l’on peut aussi laisser le bénéfice du doute à Didio, qui peut compter préciser ses personnages par la suite.
Keith Giffen s’est lancé dans les années 70 comme un disciple de Jack Kirby. On se souviendra de ses Defenders ou, plus tard, de la Great Darkness Saga de la Legion of Super-Heroes. Dans le Kirbyverse il est donc à priori à l’aise, même si au début tout cela nous paraît, à l’image de Beautiful Dreamer, confus. Pourtant, à mesure que l’on progresse dans le numéro, on sent une pointe de relief qui apparaît. Le méchant de service, aperçu dans les dernières pages, a des petites touches du style d’Erik Larsen. Globalement je ne suis pas très fan du relookage « hi-tech » des New Gods depuis leur retour dans les pages de Wonder Woman. Mais là les scènes sur New Genesis ne m’ont pas choqué. Disons que je m’attendais à pire. Inversement, la petite référence nominale à Kirby me semble un peu artificielle, placée là comme un sceau d’auto-validation. En ce qui me concerne les Forever People de Kirby étaient des jeunes surexcités dans leur émerveillement. Les remplacer par des gosses en excursion et émotionnellement en retrait me semble un peu dommage. En même temps, il est trop tôt pour avoir réellement un avis sur l’ensemble dans la mesure où un élément important (Infinity Man) n’est même pas utilisé dans cet épisode. À voir sur la longueur. Mais cela ne m’empêchera pas de penser que le meilleur auteur capable de reprendre des persos de Kirby de nos jours serait le vrai Erik Larsen.
[Xavier Fournier]
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