Dessin d’Ivan reis
Parution aux USA le mercredi 21 mai 2014
Lex Luthor a sauvé la Terre mais aussi Superman. Et le monde le sait. Du coup, dans une situation qui n’est pas sans évoquer Norman Osborn après Secret Invasion, Luthor redevient fréquentable auprès du grand public. Mais la différence (de taille) avec Dark Reign, c’est que ce vieux Lex n’en profite pas pour monter une Justice League de pacotille. Non. Lex a pris goût à l’héroïsme. Il est aussi convaincu qu’il est nécessaire à la défense du monde et les événements récents lui ont donné raison. Alors Luthor décide de réorganiser la vraie Justice League. Autant dire qu’auprès des membres en place, ce n’est pas gagné. Mais Geoff Johns fait un bon travail pour instaurer une atmosphère d’étrangeté, d’inédit. Il y a des choses subtiles dans l’alchimie de cette équipe qui rendent certaines choses possibles. Comme par exemple le fait qu’étant devenue la déesse de la guerre Wonder Woman soit un peu le Wolverine de l’équipe et mette Flash mal à l’aise (le gag du lasso autour du cou est un clin d’œil assez marrant à l’ancienne continuité). Depuis le début Johns a construit cette incarnation de la League sur des rapports où la confiance ne règne pas. Et là d’un seul coup cela prend une autre dimension. Surtout quand, par la force des choses, Luthor est au courant de certaines choses.
On reconnaît bien la patte du scénariste qui avait injecté Black Adam dans les rangs de la Justice Society en se défiant des barrières habituelles entre le Bien et le Mal. Son Lex Luthor prend réellement du galon. Et franchement après des mois à faire tapisserie dans les titres Superman, à avoir selon les cas une cicatrice (les épisodes de Lobdell) ou jouer à plier du papier (Superman Unchained), c’était plus que nécessaire. Johns rebondit assez bien sur ce que Morrison avait pu faire dans les premiers épisodes d’Action Comics V2. On a un Lex Luthor sur de son bon droit, motivé par la certitude d’être l’homme de la situation. En face, on a une League fragilisée, qui est sans doute ouverte à des idées nouvelles (enfin, pour certains de ses membres). La force de Johns et de Reis est – pour le coup – de ne pas se ruer sur les choses, de ne pas les régler d’un coup de baguette magique. C’est une League très différente où les rapports de forces sont relativement inédits et donc imprévisibles (encore qu’on sent que Cyborg et Shazam sont appelés à devenir une belle doublette). Clairement, c’est du neuf. Tout est jouable. Ce n’est plus simplement une redite des « Big 7 ». Cela devient une version à part entière. Je ne sais pas si l’on peut dire que Johns réinvente la League. Il est trop tôt pour le dire. Mais il y apporte un sacré coup d’air frais. La fin de Forever Evil est un poil « bof bof ». Mais l’après Forever Evil donne vraiment envie…
[Xavier Fournier]
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