Avant-Première VO: Review Justice League #40
4 mai 2015[FRENCH] En juin, la Justice League devra faire face aussi bien au pouvoir de Darkseid qu’à celui de l’Anti-Monitor. De là à penser que Darkseid War est une Crisis qui ne dirait pas son nom, auto-contenue dans les pages de Justice League… Geoff Johns joue bien sur ce ressort mais prévient aussi sur le fait qu’à force ça pourrait « casser ».
Justice League #40 [DC Comics]
Scénario de Geoff Johns
Dessin de Kevin Maguire, Jim Lee et divers
Parution aux USA le mercredi 29 avril 2015
Justice League #40 a tout d’un numéro #0 de crossover. Comprenez par là que l’on nous montre structurellement surtout les personnages qui sont sur le point de frapper et pas tellement la Justice League en elle-même. L’ombre d’un Convergence #0 rôderait donc… Pourtant j’ai trouvé ce numéro intéressant pour un faisceau d’autres raisons. Le plus visuel, c’est de retrouver Kevin Maguire aux dessins dans un registre qui n’a rien de comique, lui qui avait été écarté de Justice League 3000 car jugé trop « funny ». On aime ou on n’aime pas le dessin de Maguire. Mais comme pour un récent épisode de Guardians of the Galaxy, il semble évident que l’artiste a des choses à montrer dans un ton plus sombre. Bref, en ce qui me concerne il se tire très bien de la mission.
Maguire gère le visible, Geoff Johns s’occupe du discours. Passé une petite séquence sur l’enfance d’Orion et Scott Free dont je ne suis pas très fan (il me semble que les modifications apportées aux New Gods n’arrivent pas à dépasser ou même égaler le modèle originel de Kirby, mais ça c’est l’impression qui prévaut depuis leur version post-2011), le scénariste utilise Metron comme son porte-parole. C’est-à-dire que le personnage se fait narrateur mais apporte aussi ses commentaires personnels, dans lesquels il est difficile de ne pas voir une prise de position de Johns lui-même. Et je trouve très intéressant de mettre Justice League #40 en écho de Multiversity #2. En chroniquant la fin de la saga de Morrison, j’expliquais comment, d’une certaine manière, sa conception du monde réel répondait à celle du Superboy Prime de Johns dans Infinite Crisis. Ce qui est frappant ici, c’est que le JL #40 de Johns semble aller dans une route similaire de celle de Morrison. Le danger ? C’est l’ingérence et le reboot. À travers Metron, le scénariste passe en revue les grands cataclysmes cosmiques qui ont précédé. Comme dans Multiversity, Johns part du principe que ce qui a précédé conserve de la pertinence. Avec l’aide de dessinateurs passés, il en profite pour nous remettre en mémoire les Crisis et autres Zero Hour, ce qui permet, quand bien même c’est en petit, de mentionner à nouveau une myriade de héros secondaires en principe oubliés. Cela, c’est pour la case nostalgie. Mais surtout Metron/Johns en arrive à ce constat que les crossovers/reboot fragilisent les choses et que cet univers a intérêt à faire attention à la « Crisis » de trop. Bien sûr, cela vient d’un scénariste qui, d’Infinite Crisis à Flashpoint, a beaucoup joué avec ce bouton. Mais il semble y avoir une vraie envie d’amener tout celà en cohérence. Peut-être est-ce un faux-semblant mais c’est à se demander si l’Anti-Monitor lui aussi ne devient pas une voix de Johns quand il dit, vers la fin (mise en image par Jim Lee) « Je refuse d’être simplement un destructeur. J’ai trouvé une voie… ». A partir de là, l’Anti-Monitor est peut-être celui qui apporte la salvation. Ou bien un fanatique à la Parallax dans Zero Hour qui, de bonne volonté, va aller dans les pires excès. Mais le potentiel est là, et pose une situation intéressante. Et je suis content de voir Gamor… euh pardon, ce n’est pas la fille de Thanos mais presque… un personnage féminin que l’on nous promettait depuis longtemps. Je n’attendais pas grand-chose de Darkseid War mais là on a piqué ma curiosité. Le point noir, par contre, c’est que cela se lit très vite pour un comic-book à ce prix et que celà aurait sans doute été judicieux de le passer en gratuit pour le FCBD.
[Xavier Fournier]