Dessins de Jason Fabok
Parution aux USA le mercredi 3 juin 2015
Je n’ai pas spécialement épargné Green Lantern dans ma précédente chronique liée à DC. Mais Justice League #41 est une bonne surprise dans le sens où je m’attendais… peut-être pas à pire mais à une déferlante de discours post-pre-Crisis. Justice League #40 nous avait bien préparé à ça. Finalement, c’est une approche plus minimaliste (dans le ton) qu’emprunte Johns. Les agents d’Apokolips sont sur Terre, à la recherche d’une femme mystérieuse mais le scénariste a d’emblée le souci du détail. Kanto qui savoure un vin rare ou qui utilise une Boite Mère d’un type très personnalisé. Je l’avais déjà dit après le crossover Godhead mais je suis loin d’être convaincu par ce que DC Comics a fait des New Gods depuis 2011 et l’instauration des New 52, en donnant une version pataude. Là, le scénariste s’intéresse à Mister Miracle et trouve réellement un ton, une personnalité. Le personnage a beau avoir été utilisé dans Earth 2 ces derniers mois, c’est resté un relatif nobody, une énigme à peine détaillée. Johns lui donne du timbre avec un monologue interne qui nous apprend ce qu’il est, qui il est, comment il a ressenti sa vie. C’est un poil bavard mais cela rattrape pour une bonne partie des mois d’utilisation sans âme.
D’autant que Johns reprend le même système pour faire parler Wonder Woman, lui faire évoquer, à elle aussi, son enfance. C’est bien trouvé… même si on dirait que la Wonder Woman de Johns, fille unique parmi les amazones, n’a pas vécu sur la même île que la version d’Azzarello où les guerrières avaient une technique bien sauvage pour s’assurer d’une progéniture. Plus largement, la série se moque royalement des événements récents dans les séries de Batman, Green Lantern ou Superman. Et ce n’est peut-être pas plus mal (trop tôt pour en être certain, en fait). Aux dessins, Jason Fabok canalise beaucoup des ambiances et des astuces graphiques d’un Finch mais il s’en distingue aussi par une capacité à une sorte d’humour. Comme la silhouette de la Justice League qui fait référence à l’ancien générique du cartoon de la Ligue. En ramenant la plupart des héros du groupe à l’enfance, par une succession de vignette, les deux auteurs les ramènent à leur âme, à leur fondation. Dans d’autres cas c’est tourné autrement (comme Captain Marvel qui s’offusque de voir pour la première fois une expérience déplaisante et qui n’a pas besoin de remonter loin pour trouver l’enfant en lui). Quelques twists sont bien trouvés (comme l’enquête sur la personne qui a commandité l’assassinat de Lex). C’est un cocktail intéressant entre innocence et corruption. Je ne sais pas si dans les chapitres suivants Johns arrivera à maintenir cette approche introspective. L’arrivée de certains croquemitaines vers la fin me fait penser que non. L’épisode a un ton. Et je me dis qu’en une époque future, je serai assez curieux de voir ce que Johns pourrait faire sur une série New Gods.
[Xavier Fournier]
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