Dessin de Greg Tocchini
Parution aux USA le mercredi 3 Décembre 2014
Depuis le début de cette série, Rick Remender annonce qu’au contraire de ses autres projets il vise à travers Low à explorer quelque chose de plus optimiste. Ce cinquième numéro nous montre mieux dans quelle mesure. Alors que la Terre va à sa perte, que l’humanité ne vaut guère mieux, Stel va d’événement dramatique en catastrophe et inversement. Sa famille a été décimée et son fils, cynique, a grandi en la croyant folle. Seulement voici qu’au milieu de l’enfer ils retrouvent l’une des filles de Stel. Et à travers les épreuves Marik se révèle finalement si motivé que sa mère, convaincu qu’en y croyant les choses peuvent se réaliser. Mais tout cela se passe au fond d’une terrible arène, ambiance Retour du Jedi avec Stel en mode princesse esclave. Et leurs tortionnaires sont décadents, corrompus jusqu’à la moelle. Où est l’optimisme là-dedans ? Pratiquement à chaque coin de page, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Stel s’y accroche comme une naufragée tient à son radeau. Mais, par « optimisme », il ne faut pas croire que Remender facilite les choses à ses personnages. À plusieurs reprises ils sont sur le fil du rasoir, à deux doigts de tout perdre. L’espoir fait vivre, comme le dit Marik, mais il rend aussi ceux qui espèrent assez vulnérables. Et les pirates, en dépravés endurcis, sont bien décidés à briser Stel…
Il y a ces derniers temps dans les comics en « creator-owned » un mouvement qui s’installe, une sorte de mode de la SF baroque. On avait pu le voir avec Saga. On peut également le remarquer (avec moins de succès à mon avis) avec l’Ody-C de Matt Fraction. Avec Black Science et Low, Remender démontre qu’il est l’un des fers-de-lance de cette vague. Avec Greg Tocchini, ils installent un univers visuellement solide, sans pareil, mais n’oublient pas l’humain. Au milieu des monstres marins et des histoires de cyborg, il reste bien quelque chose d’universel, qui marcherait aussi bien si Stel était enlevée par des indiens dans un western ou par des barbares dans un péplum. Il y a une vraie tension cinématographique où les personnages retiennent leur souffle puis se permettent de respirer de soulagement… avant de réaliser que les choses empirent (puis redémarrent le cycle). Low est encore et toujours une série bien à part mais excellente.
[Xavier Fournier]
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