Avant-Première VO: Review Mercy Sparx #11
13 mars 2016[FRENCH] Mercy Sparx est une demi-démone résidant sur Terre et dont les puissances célestes se servent généralement comme une sorte de « chasseuse de primes », qui poursuit les anges et démons rebels tombés sur ce monde. Ça, c’est la version courte. Mais dans les derniers épisodes, l’héroïne un tantinet gothique a vu son lot de problèmes augmenter, alors que sa propre mère, Faustia, semble bien décidée à prendre le pouvoir aussi au Paradis qu’en Enfer.
Mercy Sparx #11 [Devil’s Due]
Scénario de Josh Blaylock
Dessins de Matt Merhoff
Parution aux USA le mercredi 9 mars 2016
Il y a une dizaine d’années, Devil’s Due était une petite maison qui montait. Rien qui remette en cause le rang d’Image ou de Dark Horse mais c’était un petit label relativement visible. Et puis l’éditeur, sans doute rattrapé par le réalisme économique, a réduit la voilure (ce qui fait qu’on pense rarement à mentionner ses parutions), au point qu’il a fallu lancer Mercy Sparx par une vague de financement participatif. C’est courant quand on parle de creator-owned mais cela l’est moins dans le cas d’une maison d’édition. Tout ça pour vous dire l’envergure qu’on peut prêter à Devil’s Due. Pourtant… pourtant Mercy Sparx est une série dont la qualité de production n’a rien à envier à beaucoup de maisons plus grosses (pour parler clairement, j’ai vu parfois Marvel, DC ou Image nous proposer des choses de qualité inférieure). Le silence relatif qui existe autour de Mercy Sparx est doublement bizarre et injuste puisqu’outre la qualité de production, le pitch semblerait plutôt porteur. Une jeune démone à la tête dure vit sur Terre et doit stopper régulièrement des renégats issus des cieux ou des enfers. La plupart du temps elle apparaît sous le forme d’une jolie jeune femme blonde, avec des mèches roses. Une poupée Barbie ? Ne vous y trompez pas. On lorgne un peu sur un registre à la Buffy (les fans de la série devraient s’y retrouver) mais le personnage principal a sans doute plus en commun avec Hope (la tueuse de vampires plus extrême). D’abord le côté gothique de la belle, ses tatouages et sa cigarette au coin de la bouche sont là pour montrer qu’on est loin d’une petite princesse. Elle jure, elle picole… Ensuite, en période de crise, Mercy révèle son vrai visage, celui d’une démone brune et écarlate (seuls les tatouages restent). Mercy Sparx, c’est plutôt une « riot grrrl » plongée dans un contexte à la fois occulte et rock n’roll.
« Holy MILF, that’s Mercy Mom ? »
Il y un autre personnage phare dans la série, la mère de Mercy, Faustia, qu’on pourrait croire échappée d’une couverture d’album de Scum of The Earth ou de White Zombie. Une démone au caractère pervers narcissique, elle a tout de la mère envahissante… dans tous les sens du terme puisque non seulement Mercy ne la supporte pas mais que l’autre, en plus, s’est lancée dans un jeu de pouvoir pour prendre d’assaut tous les domaines de l’au-delà. Josh Blaylock sculpte d’ailleurs assez finement la mentalité de ses personnages, qui ne se comportent pas comme n’importe quel protagoniste de comics. Faustia, par exemple, supervise la chute de ses ennemis… tout en ayant le nez sur l’ordinateur et en s’émerveillant que les mortels aient mis au moins des sites de chaussures permettant la livraison en moins de 24 heures. C’est presque « le diable s’habille en Prada » au premier degré et tout cela contribue à instaurer un ton bien spécial. Ce n’est pas spécialement de la comédie mais l’écriture reste légère, dans le bon sens du terme. L’un des atouts majeurs de Mercy Sparx, c’est son dessinateur, Matt Merhoff, qui produit des planches détaillées (sur un ton voisin de Jamie McKelvie), relativement réalistes en termes d’anatomies ou de décors (sauf bien sûr ce qui est de l’au-delà). C’est Merhoff qui contribue à donner à la série son cachet bien spécial. A l’heure où beaucoup de gens soulignent le trop petit nombre de séries centrées sur des femmes, le fait que Mercy Sparx passe aussi inaperçue est pour le moins surprenant. Ceux (ou celles) qui ne suivent pas cette « héroïne infernale », ne savent pas ce qu’ils perdent. A lire avec du L7 en musique de fond…
[Xavier Fournier]
Pas d’édition française?