Dessin de Clayton Crain
Parution aux USA le mercredi 27 août 2014
Véritable machine à tuer, Rai est l’enquêteur (ou plutôt l’exécuteur principal) de Father, l’entité (peut-être une intelligence artificielle comme elle le dit) qui dirige un Japon futuriste. Mais l’inspection entreprise depuis le premier numéro n’a pas débouché sur ce que Rai pouvait attendre. Depuis toujours il croyait qu’il était un être artificiel et immortel. Ses visites au niveau du peuple, ses rencontres avec les rebelles, lui montrent qu’il n’en est rien, qu’il est né d’une mère, qu’on lui a menti sur toute la ligne. La théorie du complot et la méchante corporation sont des éléments que l’on rencontre souvent dans les comics et particulièrement chez Valiant (Bloodshot aussi est né de cet archétype). Mais les auteurs lui apportent ici une certaine poésie. En un sens Matt Kindt fait de Father le Sorcier d’Oz et de Rai un Pinocchio qui découvrirait qu’il a toujours été humain… mais qu’on lui avait caché. Comprimez Blade Runner et Elysium et vous avez la donne de départ de Rai, série d’autant plus intéressante chez Valiant que, comme elle se passe dans un lointain futur, ses liens avec l’univers partagé de l’éditeur sont indirects. Et en même temps on pourrait aussi me dire que c’est une sorte de mélange entre Fantomex (tel que géré par Rick Remender) et le Ronin de Frank Miller. Ce ne sont pas franchement de mauvaises références. J’ai beaucoup aimé la gestion éditoriale du relaunch de Valiant ces dernières années. C’est un vrai cas d’école sur « comment relancer des propriétés intellectuelles oubliées du grand public ces 15 dernières années ». Mais il n’en reste pas moins que si les pitchs sont très intéressants et « reader friendly », quand on arrive aux alentours du 15e épisode d’un X-O Manowar, l’univers partagé prend le dessus et le fil devient plus problématique à suivre. On peut espérer que Rai va suivre un modèle différent (sauf si l’on nous réserve un voyage dans le temps ?) et rester quelque chose à part, beaucoup plus auto-contenu.
Ce qui surprend dans ce numéro, c’est le trait plutôt grossier utilisé par Clayton Crain. Par grossier, j’entends que les contours manquent de netteté, un peu comme si l’on avait peint l’ensemble à la brosse. Cela surprend au départ (et cela donne quelques grandes cases pas vraiment fines) mais l’idée est sans doute d’arriver à quelque chose qui évoque un peu l’image de synthèse, un peu comme si Rai était une sorte de Max Headroom. À bien y regarder, je pense que c’est une volonté du dessinateur car, en d’autres endroits, on voit bien que Crain s’amuse beaucoup plus sur certains décors. Typiquement, quand Rai s’élance à travers ce Japon manufacturé et passe à travers les usines, on voit revenir un trait beaucoup plus fin. On a l’impression que Crain est plus intéressé par l’ensemble de ce monde que par le héros de la série. Et cela se défend peut-être car après tout l’histoire elle-même prend le dessus sur un Rai qui, lui, est un peu comme un nouveau-né et apprend tout juste à avoir de la personnalité. L’effet est d’ailleurs conforté au niveau des dialogues. Si Matt Kindt nous sert (très bien) une toile de fond assez académique, le phrasé de Rai est assez atone. Cela se sent particulièrement au moment de l’entrevue avec Father, où les échanges entre ces deux-là sont assez limités. Si bien que l’on a du mal à se faire une idée des caractères de Rai et de son « père ». C’est – sans doute – l’histoire qui dicte cette réserve. Mais les auteurs seraient bien inspirées, dans les épisodes à venir, de mettre en scène rapidement l’évolution de leur personnage.
[Xavier Fournier]
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