Dessins de David Messina
Parution aux USA le mercredi 27 juillet 2016
On ouvre le fascicule et, patatras, on se retrouve nez à nez avec des pages déjà croisées dans lors du récent FCBD, dans ce qui était présenté comme étant alors Rom #0. Dans les pages éditoriales, à la fin du présent numéro, il est expliqué que beaucoup de lecteurs n’avaient pas mis la main dessus et n’avaient pas pu le lire (ce qui est très curieux vu que quelques lignes plus tard on nous explique que Rom #1 a été produit trois jours avant le FCBD et que l’équipe ignore encore la réaction du public) et qu’IDW a donc pris la décision de réimprimer ce contenu. Passé un moment d’étonnement où l’on se dit « attends, Rom #1 c’est quand même pas simplement Rom #0 repackagé ? », on pousse un ouf de soulagement, le reste du numéro étant véritablement inédit. Mais quand même, revoir le #0 nous remémore la déception du FCBD et, si ce #1 corrige au passage quelques erreurs (en particulier le look des Dire Wraiths, qui avaient l’air d’un croisement entre Alien et une brique Lego dans le #0 mais qui apparaissent, dans la partie inédite du #1, surtout comme des humais), il faut bien dire qu’il ne sauve pas le projet. Alors bien sûr, quand on relance une propriété intellectuelle qui remonte à la fin des années 70, il faut se méfier du poids de la nostalgie ou du fait que les lecteurs d’alors, gamins, aient magnifié une histoire qui n’était pas forcément le pinacle. Objectivement, le Rom #1 de Marvel n’était pas un chef-d’œuvre et c’est seulement par la suite, à la longue, que Bill Mantlo et Sal Buscema donnaient une vraie texture à la série, en particulier à travers l’introduction d’autres Spaceknights. Du coup, pour être équitable, il faudrait souligner qu’il convient de donner également à cette nouvelle série le temps qui convient pour se mettre en forme. Hélas, certains indicateurs ne donnent pas réellement confiance en la direction actuelle…
« Oh, we’re the same as always. »
Bien sûr, il y a des signes voulant donner des gages visibles aux lecteurs de la première époque. On peut écraser une petite larme quand une partie de l’action se passe dans le « Parc Mantlo ». Chris Ryall tient à respecter et reconnaître le scénariste initial de Rom et c’est tout à son honneur. Mais cela ne fait pas tout. Et il ne s’agit pas simplement de se lancer dans un jeu des neuf erreurs, en comparant la version classique et celle-ci, sur un ton à la « ouin ils n’ont pas respecté mon enfance ». Le dessin de David Messina est inégal selon les pages, bien que globalement supérieur à ce que l’on voyait dans le #0. Mais c’est surtout le scénario qui fait tiquer ici, surfant entre « je m’approche de la version Marvel mais en même temps pas trop car sinon on va avoir un problème » et de vrais défauts de narration. Pour comparer avec un autre projet de l’éditeur, sur un exercice similaire, on peut reprocher aux Micronauts d’IDW de ne guère s’approcher de l’âme des personnages et de la série classique (définie par le même Bill Mantlo). Mais ici c’est encore autre chose car il y a des passages réellement mal conçus. Je pense en particulier au moment où Rom déboule pour désintégrer toute la famille d’un personnage secondaire, avant de lui expliquer en quelques mots « bah t’inquiètes pas, ce n’étaient pas vraiment tes proches. Les tiens ont été tués et remplacés par des Wraiths ». Et l’autre est convaincu en deux cases à peine, sans trop chercher à discuter la chose. Il suffit d’un simple « dans ton cœur tu sais que je dis la vérité ». Ben voyons. Cette naïveté surprenante, dans un récit qui devrait contenir un poil de parano, laisse pantois. On a l’impression que l’on passe très rapidement d’une chose à l’autre sans les réactions des personnages soient réellement gérées. Quand en plus ce premier numéro s’achève déjà sur la perspective d’un crossover avec G.I. Joe, l’impression générale, c’est que l’on ne construit pas vraiment l’univers de Rom. Disons qu’IDW se dépêche de le poser là en prévision des crossovers à venir. Mais après des années d’attente et sans enlever à Chris Ryall le fait d’être un vrai fan de Rom, c’est décevant. Pas pour une question de distance avec la version ancienne (surtout que les grandes lignes demeurent, à ce stade) mais bien sur un plan qualitatif. A comparer, Onyx, par le même scénariste et sur des thématiques proches, s’en tirait largement mieux. Le retour de Rom se fait donc en assez petite forme. A ne conseiller qu’aux seuls complètistes acharnés de Rom. Les autres préfèreront espérer que la série trouve ses marques.
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