Avant-Première VO: Review Sandman: Overture #1
31 octobre 2013[FRENCH] Neil Gaiman retrouve cette semaine le chemin du Sandman pour une « préquelle » qui vient nous raconter ce que le héros faisait avant d’être capturé au début de la série des années 80. Et si d’aventure la perspective pouvait faire peur aux « gardiens du temple » ou aux néophytes qui (les pauvres) ne sont pas encore tombés dans cet univers, Sandman: Overture est d’une authenticité superbe…
Sandman: Overture #1 [DC Comics/Vertigo]
Scénario de Neil Gaiman
Dessin de J.H. Williams
Parution aux USA le mercredi 30 octobre 2013
Difficile d’évoquer Sandman: Overture sans avoir un petit brin de… peut-être pas de nostalgie mais en tout cas un flashback, 25 ans en arrière, quand le premier numéro du Sandman de Gaiman était apparu dans les bacs des comic-shops. Après Swamp Thing puis Hellblazer, Sandman était marketé un peu comme le troisième « jalon » de la route qui menait à Vertigo, avec un petit preview glissé dans les aventures de John Constantine. Rétrospectivement pas forcément la meilleure idée puisque ça donnait (à tord) l’impression que Sandman était le dérivé d’un dérivé. Du coup nous n’avons pas été tant que ça (en témoigne la côté délirante du premier épisode à peine quelques mois après sa sortie) à donner sa chance à cet énigmatique personnage blafard, avec les cheveux en bataille. Le reste, appartient à l’Histoire. Sandman est devenu un repère, une chose menée de bout en bout par la vision du seul Neil Gaiman, supervisé par l’éditrice Karen Berger. Sandman est allé au bout du récit et, tout comme pour Starman, DC l’avait alors joué classe en n’essayant de poursuivre au delà du raisonnable, en ne donnant pas le personnage à d’autres qui l’auraient continué « sous perf ». En résistant, en gros, à la tentation d’un Before Watchmen. Donc voilà, la perspective d’un « Before Sandman », quand bien même écrit par Gaiman lui-même, pouvait inquiéter.
Et au final… ces craintes sont infondées. Gaiman et Williams font preuve d’une modernité totale tout en retrouvant tout à fait le ton du proto-Vertigo (cette idée de la plante qui rêve m’a furieusement fait penser au Swamp Thing #61 de Moore et Veitch en 1987. Non pas qu’il y ait copie mais communauté de concepts). Mieux, même, je pense que pour quelqu’un qui n’aurait jamais lu d’épisode de Sandman ça reste très abordable (ok, quelques personnages secondaires sembleront étranges et on aura la sensation d’un « passé » existant mais ça fonctionne je pense). Dans le sillage de Sandman on retrouve les Endless et Gaiman tout autant que Williams jouent avec la forme, avec la notion d’aspects, avec l’époque et l’espace. Bref, Sandman: Overture a le parfum de pas mal de choses mais en tout cas très certainement pas celui d’un truc « rajouté » juste pour faire de l’argent. C’est le projet ultime du Vertigo période Karen Berger et l’incitation, si besoin en était, de se replonger dans les autres aventures du roi du rêve. Même alors que la série existante fermait la boucle, Gaiman nous garde dans une atmosphère de suspens, dans un appétit d’en savoir plus. Sandman: Overture, c’est quand même loin au dessus du tout-venant des sorties comics de ces temps-ci. Un vrai « modèle » de comment ramener un perso sans que ce soit la fois de trop.
[Xavier Fournier]
Là je vous trouve bien indulgents pour le coup! Même si Sandman Overture est une série de qualité (on serait quand surpris du contraire vu les auteurs impliqués), on est quand même en plein dans le syndrome de l’auto cannibalisation pratiquée en permanence par les 2 big two. On est toujours dans le même recyclage des mêmes histoires et des mêmes personnages…pour des raisons commerciales plus qu’artistiques. Je dirai même que personnellement ce retour de Sandman me choque plus qu’un Before Watchmen dans la mesure où il est issu de Vertigo, un label qui ne fait pas habituellement dans la facilité et qui a souvent su donner une véritable fin/conclusion à ses séries. Il faudrait peut-être demander à Garth Ennis s’il ne veut pas écrire la prequel ou sequel de Preacher tant qu’on y est? 😉
Votre commentaire ne me donne pas l’impression (mais peut-être à tort ?) que vous ayez lu l’épisode dont il est question. Non. Justement. « si Sandman Overture est une série de qualité« , ça fait toute la différence. SI Garth Ennis revient sur Preacher pour une histoire inspirée, OK, je prends. S’il revient faire de l’alimentaire il est évident que ça me brancherait moins. Là où vous jugez le principe, je juge ce que j’ai devant les yeux, et pas autrement. Before Watchmen EST de la cannibalisation, malgré les grands noms impliqués, tellement que ça m’a gonflé de le reviewer. Si Gaiman avait fait du creux je ne l’aurais pas loupé.
Non évidemment je ne l’ai pas (encore) lu.
Et d’ailleurs en fait je n’ai même pas d’avis tranché sur ce recyclage massif et permanent opéré par les big two (même si ce serait quand sans doute préférable qu’ils se renouvellent un peu plus)
Mais c’est quand même surprenant de vous voir tacler Before Watchmen dans un article qui encense Sandman: Overture, tant les 2 démarches sont strictement identiques d’un point de vue éditorial et commercial. Dans les 2 cas, il s’agit bien de raconter en détail l’une des ellipses de l’histoire initiale. Et de faire des ventes en ramenant un personnage très apprécié des lecteurs mais qui a connu une fin qui peut difficilement être remise en cause. Après s’il s’agit uniquement de juger les qualités intrinsèques de la nouvelle série de Gaiman (et pas le principe de la cannibalisation), c’est effectivement un autre débat… Mais fondamentalement si Before Watchmen est de la cannibalisation (et je n’en doute aps d’ailleurs), Sandman: Overture l’est évidemment aussi…
Vous avez tout à fait le droit de vous tromper complètement sur quelque chose que vous n’avez pas lu…
Bon alors du coup, poussé par la curiosité, je me le suis procuré à mon comic shop habituel. Et devinez quoi, rien de ce que j’ai lu dans ce (court) épisode n’invalide ce que j’ai dit précédemment. Il s’agit bien de décrire ce qui se passe avant l’évènement mentionné dans les premières pages du premier épisode de Sandman, avant qu’il ne perde ses attributs de pouvoir. C’est incontestablement très bien écrit et surtout superbement illustré (encore que je ne sois pas complètement fan des effets de distorsion appliqués sur certaines pages), mais on est vraiment dans le prequel le plus basique. Quand au côté user-friendly, je m’inscris en faux également: la plupart des personnages (notamment les Endless) n’apparaissent que quelques cases sans que leur rôle ou leur relation avec le personnage principal soit clairement expliquée (la pauvre Death n’a que 2 pages). Même la nature exacte de Dream n’est pas clairement explicitée (comme c’était pourtant le cas au début de la série d’origine). C’est d’évidence un comic avant tout destiné aux fans de Sandman où à ceux qui connaissent bien son univers et ses enjeux, qui n’ont besoin que de quelques allusions pour comprendre ce qui se passe. Les autres pourront peut-être s’accrocher aux branches mais il leur faudra bien du courage… Donc certes, cette série est d’une grande qualité, mais il ne faut douter qu’elle a avant tout pour but de donner un second souffle à un label qui souffre pas mal en ce moment et qu’il s’agit encore une fois de recycler des vieux concepts et des vieux personnages… pour l’instant, il n’y a tout simplement rien de nouveau par rapport à la série d’origine… Et le fait de sortir une telle série alors que Vertigo s’est fait déposséder de certains personnages emblématiques (Swamp Thing, Constantine…) n’est pas un hasard.
Ok alors on a va prendre une comparaison. Mettons qu’une des pizzeria de la ville vende des pizzas surgelés, sans âme, sans goût. Bof. Et mettons qu’une autre pizzeria fasse « the » pizza, la mégabonne, super bien cuisinée et tout et tout. Du genre « si seulement toutes les pizzas étaient de ce niveau ». Mettons que je croise JC Blangenois aka Dreamchaser à qui je conseille la seconde pizzeria et qu’il me dise « ah ben alors je vois pas la différence, la qualité ne change rien à l’affaire, comme la première pizza était surgelée toutes les autres se vâlent… ». Ben, si : la qualité et surtout l’authenticité changent tout à l’affaire. C’est sur que si on fait totalement abstraction de la qualité, tout comic-book n’est plus que du bois passé par l’imprimerie. Donc pendant que je mange ce qui est sans doute la meilleure pizza du mois, vous me dites « ah oui elle est ultra-bonne mais enfin tout se vaut si on enlève le goût« .
Donc après, oui, une fois qu’on a dit « quoi qu’il arrive, même si je reconnais des qualités à l’auteur, je vais zapper ça et parler que du commercial, comme ça, ô surprise il ne reste que le commercial, donc j’ai juste !« . Ca peut d’ailleurs se décliner de plein de façons: Leonard de Vinci et Rob Liefeld se valent puisque les deux dessinent, Richard Strauss et Justin Bieber ? Ah ben oui mais ça reste que de la musique…
« mais il ne faut douter qu’elle a avant tout pour but de donner un second souffle à un label qui souffre pas mal en ce moment et qu’il s’agit encore une fois de recycler des vieux concepts et des vieux personnages… pour l’instant, il n’y a tout simplement rien de nouveau par rapport à la série d’origine… Et le fait de sortir une telle série alors que Vertigo s’est fait déposséder de certains personnages emblématiques (Swamp Thing, Constantine…) n’est pas un hasard. »
Qu’un comic-book ait un prix et soit donc *à un certain degré* commercial, ok. Mais vous faîtes une petite erreur d’analyse. Oui, Vertigo a prit dans la figure (et je ne pense d’ailleurs pas que ca vienne du départ de personnages comme Swamp Thing ou Animal Man qui ne trouvaient plus de lecteurs depuis des lustres, même pour Hellblazer c’est discutable) ces dernières années, au fur et à mesure que Karen Berger a perdu de son influence. Mais Before Sandman est le dernier projet édité par Berger. Ce n’est pas un « second souffle », c’est une tournée d’adieu. Ce n’est pas le début d’une phase 2 ou 3, c’est le bouquet final de la phase 1.
Après, oui, tout le monde a le droit à un avis mais je m’étonne un peu que le truc qui puisse provoquer votre hire et qui motive tant d’urgence à le démonter soit sans conteste un des meilleurs comic-books du mois. Pourquoi l’ouvrir sur Before Sandman et rien de cette envergure sur, par exemple, le Villains Month il y a quelques semaines ? Se taper la énième origine de Killer Frost vous intéressait vraiment mieux que ça ?
Restons calme Mr Fournier… 😉
Contrairement à ce que vous pensez je respecte votre avis, qui je le sais, est fondé sur une connaissance intime de ce milieu. Seulement mon avis (de simple fan) diffère du vôtre légèrement. Vous nous laissez la possibilité de l’exprimer et c’est ce que j’ai fait. Vous m’avez accusé de parler sans savoir donc j’ai fait en sorte de parler en connaissance de cause. Ce qui n’a hélas pas modifié mon opinion que je pense avoir argumenté avec objectivité et sans colère (et d’ailleurs je ne demande la tête de personne, que je sache). C’est juste une opinion de fan passionné qui se dit en voyant un tel projet est publié: franchement Vertigo n’a pas autre chose à faire? Rien de plus original pour relancer la machine? Je comprend l’idée de la ‘tournée d’adieu’ mais vu la situation délicate de Vertigo je ne sais pas si c’était le bon message à envoyer.
Ah et si je n’ai pas commenté le Villains Month c’est tout simplement que je suis complètement d’accord avec vous sur ce sujet. Quand je vois tout le potentiel qu’ils avaient à leur disposition avec le ‘New52’ et ce qu’ils sont en train d’en faire…
Contrairement à ce que vous pensez je respecte votre avis, qui je le sais, est fondé sur une connaissance intime de ce milieu. Seulement mon avis (de simple fan) diffère du vôtre légèrement. Vous nous laissez la possibilité de l’exprimer et c’est ce que j’ai fait. Vous m’avez accusé de parler sans savoir donc j’ai fait en sorte de parler en connaissance de cause.
Et c’est quand même mieux comme ça.
. Ce qui n’a hélas pas modifié mon opinion que je pense avoir argumenté avec objectivité et sans colère (et d’ailleurs je ne demande la tête de personne, que je sache)
Non, mais sans colère aussi, je soulignais que si on fait abstraction de la qualité, forcément, y a plus de qualité. D’où ma comparaison entre deux pizzas, qui n’insulte aucun mangeur de pizza.
franchement Vertigo n’a pas autre chose à faire? Rien de plus original pour relancer la machine? Je comprend l’idée de la ‘tournée d’adieu’ mais vu la situation délicate de Vertigo je ne sais pas si c’était le bon message à envoyer.
Le truc c’est que Sandman c’est l’épilogue de l’ancien Vertigo et que donc ca concerne peu le nouveau Vertigo. Mais la manière de mettre tout le monde d’accord serait d’emprunter certains mots à Alan Moore quand il dit que ce milieu tourne en boucle. Je me réjouis que ce Sandman là soit sorti dans l’état (parce que sinon, l’offre Vertigo du moment n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était, en dehors d’un Astro City qui est là seulement suite au sabordage de Wildstorm). Mais on pourrait effectivement dire que le Vertigo actuel devrait nous proposer plus de trucs forts. Je ne dis pas que tout ce que le Vertigo actuel sort est mauvais, mais ca ne tient pas la comparaison avec overture. Et là où mon avis diffère avec le votre c’est qu’à mon avis c’est pas à Gaiman de s’excuser parce que les autres peuvent pas suivre 😉
Ah et si je n’ai pas commenté le Villains Month c’est tout simplement que je suis complètement d’accord avec vous sur ce sujet. Quand je vois tout le potentiel qu’ils avaient à leur disposition avec le ‘New52′ et ce qu’ils sont en train d’en faire…
Non mais ce que je veux dire c’est que j’ai passé une partie du week-end à enlever les commentaires d’un (ou plusieurs ?) énergumène(s) du style « Spider-man c’est de la merde… » et c’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas un peu plus de messages pour dire « telle série est bien » et qu’au final on ne se retrouve souvent qu’avec des tartines pour nous dire que c’est pas bien (ce qui est un droit mais ce serait bien de poster des coms aussi longs quand ça plait). Sinon, par abstention, on voudrait poser des écriteaux « les gars, ne lisez plus de comics » qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Ca ne vous concerne que très indirectement mais c’est pour ça que j’insiste sur l’idée qu’on ne peut pas passer à la trappe la notion de qualité.