Dessins d’Erik Larsen
Parution aux USA le mercredi 2 novembre 2011
Dans l’univers du théâtre ou des comédies musicales américaines il y a cette phrase cliché « Once more with feeling » qui revient en gros à dire « on la refait avec plus de sentiments ». Ces derniers temps les comic-books n’ont pas été avares de morts et de retours au goût amer de préfabriqué. On ne s’intéresse pas du tout à la mort et encore moins au retour tant tout est fait de manière mécanique. Il manque du sentiment. Erik Larsen a « tué » son Savage Dragon il y a quelques temps. Et la couverture vous aura mis la puce à l’oreille quand au retour du vrai Dragon (et non pas de son fils, star de la série depuis quelques mois). Il serait facile de crier à l’arnaque, à la tricherie, de rapprocher ça des morts élastiques de Fear Itself. Seulement voilà. Erik Larsen nous la fait avec quelque chose qui fait toute la différence : du sentiment. De l’intérêt pour son personnage aussi bien que pour ses lecteurs. Savage Dragon n’arrive pas en chantant « je vais bien, tout va bien, on fait comme si rien ne s’était passé… ». Au contraire son éloignement permet à l’auteur une certaine expansion du périmètre de la série.
Et puis il y a Erik Larsen le dessinateur, qui lui non plus ne se perd pas dans un service minimum. Au contraire. Il n’y a qu’à voir cette double page en début d’épisode, qui montre un vaisseau dans l’espace. Beaucoup d’artistes se seraient contentés de dessiner l’engin dans le vide, laissant au coloriste ou à l’encreur le soin de combler le vide. Là, non, l’espace est occupé par une foule de détails, par de la force, de l’énergie qui font que Larsen une fois encore s’inscrit en un sens dans la même lignée que Jack Kirby. Et puis il y a aussi le fait de passer le 175ème épisode. Une véritable rareté. Combien d’auteurs américains peuvent se targuer d’avoir scénarisé et dessiné 175 épisodes (bon ok il y a un numéro par Jim Lee dans la deuxième année mais vous m’aurez compris) de suite ? A part Cerebus je ne vois pas trop qui pourrait disputer cet acharment à Larsen. Certes, le problème avec Savage Dragon c’est qu’il est délicat de prendre les choses en route mais il y a une vraie progression, un vrai esprit de feuilleton, encouragé par le fait que les choses se passent en temps réel (et que presque vingt années se sont réellement écoulées pour le héros depuis ses débuts). Savage Dragon #175 fera la joie des fans de la série. Oui, il n’est pas très « ouvert » pour qui n’a jamais lu le titre mais c’est une bonne occasion pour vous conseiller de rechercher les réimpressions des premières années (avec un avertissement : il est vrai que les premiers épisodes ont « vieilli ») et de donner à cette série l’attention qu’elle mérite.
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