Avant-Première VO: Review Silk #1
19 février 2015[FRENCH] Spider-Verse terminé (ou en passe de l’être), la nouvelle version féminine de Spider-Man, Silke, s’installe dans une série à son nom et doit justement trouver ses marques, nous montrer comment elle se démarque de l’ombre de son modèle. Si ce premier numéro est sympathique, il génère cependant certaines interrogations.
Silk #1 [Marvel Comics]
Scénario de Robbie Thompson
Dessins de Stacey Lee
Parution aux USA le mercredi 18 février 2015
Cindy Moon a passé les dix dernières années de sa vie dans un bunker, afin de ne pas déclencher une apocalypse des spider-héros à travers l’espace-temps. L’épreuve passée, la voici qui tente d’une part de se créer une nouvelle vie sociale et, de l’autre, de retrouver sa famille, mystérieusement disparue. Au demeurant Robbie Thompson fait un assez bon boulot pour nous montrer qui est Cindy. Silk, en effet, a surtout été jusqu’ici un gimmick, un concept lancé sur fond d’Original Sin et préparé pour Spider-Verse. On ne l’a pas spécialement structurée comme une héroïne susceptible de supporter sa propre série et c’est à Thompson que revient ce travail, en se fondant sur les pistes lancées par Dan Slott. J’ai lu cet épisode en deux temps et au premier abord c’est très sympathique. Stacey Lee donne un dessin original et spontané. On sent aussi que les auteurs surfent un peu sur le modèle de la nouvelle Batgirl de DC Comics. Rien que l’insistance sur le fait que Cindy est, elle aussi, pourvue d’une mémoire eidétique nous encourage dans ce sens. Par contre, le rapport avec la technologie branchouille est tout autre. Cindy/Silke sait se servir d’un ordinateur mais n’a jamais entendu parler de twitter et doit tout réapprendre. Je ne suis pas sûr que ce soit cohérent avec des passages précédents (j’aurais pu jurer que Cindy avait accès aux médias pendant sa captivité) mais pour la construction du personnage c’est efficace. Je tique aussi un peu sur la quête des parents. Il faut croire que personne (à commencer par Spider-Man) n’a pensé à lui dire « tiens, passe 5 minutes chez les Avengers ou au S.H.I.E.L.D., on va te les trouver tes parents). Cela dit il y a visiblement une conspiration à l’œuvre qui fait que trouver les parents en question ne doit pas être si facile.
Je disais que j’avais lu Silk #1 en deux temps. Et la deuxième lecture est moins sympathique car Silk est un peu victime de sa genèse en plusieurs étapes. Quand Slott a jeté les bases du personnage dans Amazing Spider-Man, il a fallu justifier son absence pendant des années et on l’a donc enfermée dans une cave pendant 10 ans. Dans le contexte où ce n’était pas elle le centre des choses, cela passait. Là, il faut faire exister Silk dans sa propre série et je dois bien dire que ça coince aux entournures. L’actualité nous a donné de trop nombreux exemples de femmes enfermées dans des caves ces dernières années. Alors… il faut se garder de rapprochements trop absolus. Cindy Moon/Silk était dans un bunker super bien équipé, c’était pour sa propre sécurité… Elle est loin d’avoir connu le même calvaire que certaines femmes enlevées pour satisfaire les désirs de détraqués. Les deux choses ne se valent pas, c’est évident. Et je ne suis pas en train d’accuser Slott ou Thompson de sexisme. C’était un simple gimmick scénaristique, logique dans son contexte d’origine, qui devient gênant quand le personnage prend de l’ampleur. Car ce côté « enlevée et séquestrée par la volonté d’un homme » n’est pas abordé frontalement (alors qu’enfermée 10 ans dans le même meublé avec une mémoire eidétique, ça doit être traumatisant). Pire, vers la fin de l’épisode Silk semble même s’y résoudre. Sur ce point ça me bloque. Peut-être que cela ne devrait pas. Peut-être qu’il ne faut pas y lire autre chose qu’un super-héros dans son équivalent de la batcave. Mais cela me gêne. Maintenant Robbie Thompson fait un excellent boulot dans d’autres parties de l’épisode et « hérite » de cet élément déjà utilisé dans Amazing. Peut-être que cette dimension un peu « creepy » sera résolue dans les mois à venir. Parce que si l’enjeu est de parler à un public féminin, le côté « hé les filles, notre place est à la cave » me paraît un peu contre-productif. Ceci dit Silk reste un personnage sympathique, avec du potentiel.
[Xavier Fournier]