Dessin de Goran Parlov
Parution aux USA le mercredi 22 octobre 2014
Il y a deux Mark Millar. Enfin… un seul mais avec deux grands axes dans sa production. D’une part, les « séries complexes » (comme Jupiter’s Legacy) où, au bout de quelques épisodes, la donne change assez pour que l’on ne sache pas trop quelle direction l’auteur va prendre. Puis, de l’autre, les « séries à pitch », où tout est dans le synopsis. Nemesis, c’est « et si Batman était le bad guy ». Supercrooks est le « Ocean’s Eleven » des super-vilains… et Starlight, c’est « que se passerait-il si l’on tirait Flash Gordon de sa retraite ». De fait, si Millar campe bien la personnalité de son héros, en lui donnant – comme déjà évoqué pour d’autres épisodes – quelques intonations d’Eastwood sur ses vieux jours et si les designs de Goran Parlov sont de toute beauté, il faut bien dire qu’une fois arrivé sur la pseudo-planète Mongo, le scénario est devenu très académique. En dehors d’une taupe parmi les alliés de Duke, le déroulement de la rébellion a été très classique et peu surprenant. Tout au plus on se sera demandé à chaque instant si le vieux Duke n’a pas atteint ses limites. À défaut d’avoir trouvé un réel rebondissement intermédiaire, cette série aurait pu faire un ou deux épisodes de moins à mon avis. Enfin, sur le seul plan scénaristique en tout cas puisque, sinon, nous aurions été privés des dessins de Parlov.
Néanmoins, il y a encore un autre Millar. C’est celui qui sait nous surprendre jusque dans les derniers instants (Chosen, par exemple). Et toute la question de Starlight, une fois que l’on a rencontré le héros et la planète qu’il a sauvée dans sa jeunesse, c’est de savoir quelle chute Millar donne à son histoire. S’il y a encore de l’académisme sur la première partie du numéro, les dernières scènes m’ont paru très touchantes puisqu’en définitive Duke McQueen n’est pas seulement un Flash Gordon sorti de la retraite mais aussi, on aurait tendance à l’oublier, un Gordon auquel personne ne croit. La superposition des deux mondes, de ses deux existences, l’énergie positive que cela dégage. Tout ça fait que l’on a une fin prenante, émotionnelle et assez bien servie. Il y a un petit quelque chose d’intemporel, « d’americana » façon All-Star Superman de Morrison et Quitely. Avec Starlight, Millar continue de remixer les idées des autres, oui, mais il montre qu’il sait ranger les jouets avec une certaine tendresse.
[Xavier Fournier]
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