Dessins de J.G. Jones
Publié aux USA le mercredi 14 septembre
La culture blanche d’un côté, la culture noire de l’autre. C’est une notion qui voudrait revenir à la mode. Dancette et Calvo disaient que « la bête est morte » mais non, elle ne fait que dormir : Selon les époques et les pays, on a pu appeler ça l’Apartheid, la Ségrégation, les lois raciales… Au début du 2Oème siècle, aux USA, un noir ne risquait pas de monter dans un bus réservé aux blancs, sous peine d’être arrêté. Et encore dans certaines villes se faire simplement arrêter, c’était s’en tirer à bon compte. Strange Fruit, de J.G. Jones & Mark Waid, nous ramène en ces temps pas si éloignés (en termes de générations c’est votre arrière grand-père), où un certain nombre de choses n’étaient pas acquises et où les gardiens du temple de la « culture blanche » s’habillaient de toges pour aller faire flamber des croix ou procéder à des pendaisons. Là, les deux auteurs organisent cependant un retour de manivelle puisque l’Homme Supérieur (au sens où l’entendait Friedrich Nietzsche, pas celui du Professeur X) est là et que, au grand dam des gens de Chatterlee, il est noir. La sortie de Strange Fruit #1 aura valu à Jones et Waid une véritable levée de bouclier, un certain nombre de lecteurs prenant la chose un peu au premier degré, s’offusquant des humiliations vécues par les noirs sans prendre en compte qu’il s’agit de les dénoncer. C’est un peu comme comme si on venait me dire que la Liste de Schindler est un film nazi puisqu’il montre les camps de la mort. Pour autant que ce soit étonnant et même incompréhensible, avec le recul je pense que c’était prévisible. Ce sont sans doute les mêmes personnes qui ont accusé Tarantino (comme je le disais dans la chronique du #1) ou même Jamie Foxx de racisme lors de la sortie de Django Unchained (alors qu’il était pourtant bien évident que le Ku-Klux Klan y était ridiculisé de fond en comble), parfois avec les mêmes éléments de langage. Django choquait quand il était nu, le héros de Strange Fruit en fait de même, en rajoutant une couche (dans les deux sens du mot) quand il se sert du drapeau confédéré comme d’un cache-sexe. Il faut croire que cette semaine il y a d’autres sujets de polémique qui occupent les « sites à clics » puisque, si Strange Fruit #2 n’a pas que des amis, sa sortie se fait dans un climat apaisé, raisonné, par rapport au premier chapitre.
« What is wrong with you, you savage ? »
Pourtant – et c’était un peu ma crainte – les auteurs ne cèdent pas de terrain. Dans l’une des premières scènes où on le voit, le héros principal est entouré de parapluies et je me suis demandé si c’était une retouche hâtive pour masquer ce pagne qui avait tant fait parler. Et puis au bout de quelques pages on se rend bien compte qu’il n’en est rien. Le Superman noir continue sur sa lancée et sa simple présence dans un rayon de bibliothèque attire des réactions, l’entraîne au cachot. Cette fois on n’est plus tellement dans Django mais plutôt dans La Ligne Verte, tandis que le colosse aux faux airs de statue d’Auguste Rodin s’instruit sur la culture qui l’entoure. Les pages de J.G. Jones sont toujours aussi puissantes et l’on prend mieux la mesure de la taille du héros (ou de la petitesse des antagonistes ?). Le côté « affiche stakhanoviste » de la couverture prend aussi toute sa dimension à mesure qu’on approche de la fin de l’épisode. On voit comment, malgré lui, le personnage peut servir des intérêts divers. Le devrait-il ou pas, d’ailleurs, dès lors qu’il s’agît d’empêcher une catastrophe ? On ne le sait guère, dans ce contexte. Strange Fruit #2 est intéressant parce que, scénaristiquement aussi bien que graphiquement, les auteurs sont capable d’exprimer la puissance de leur surhomme même quand il joue la retenue et qu’il lit simplement un livre. C’est d’ailleurs assez intéressant comme exercice de style car s’il est vrai que la technique de peinture de Jones fait qu’on lui prête assez facilement un caractère « posé », il y a ici une narration assez forte. On peut faire le test et tenter de lire le numéro sans jeter un coup d’œil au texte. Mis à part une discussion un peu « politique » avec un sénateur, le reste est très expressif et « fonctionne », comme un film qui resterait compréhensible même sans le son. Seul petit souci : c’est une mini-série en quatre épisodes et nous voici donc, à la fin de ce numéro, arrivé à mi-chemin. Est-ce que vraiment Jones et Waid sauront arriver à une conclusion satisfaisante en deux numéros ? On l’espère en tout cas.
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