Dessins de R.B. Silva
Parution aux USA le mercredi 14 septembre 2011
Trois mois que le projet N.O.W.H.E.R.E bosse sur un clone de Superman. Enfin… les yeux les plus éveillés auront vu que le tube dans lequel le clone est conservé porte le numéro 2 et qu’en théorie celà laisse des portes ouvertes. Un clone qui n’a donc jamais rencontré Superman ou les Teen Titans et qui n’a pas eu d’existence hors du tube. Il serait tentant de penser que ce « Numéro 2 » n’est peut-être qu’une copie du premier et que l’histoire pré-existente a été, d’une manière ou d’une autre, conservée mais la vision d’une Rose Wilson qui n’est pas borgne vient vite nous démontrer qu’il n’en est rien. Quand au fait de se donner la peine d’oublier le projet Cadmus (dans lequel Superboy avait été conçu à l’origine) je me l’explique mal puisque le même projet Cadmus refait surface dans les pages d’OMAC. Cette nouvelle version de Superboy donne donc l’impression d’un jeu de chaises musicales où on aurait changé ou oublié les choses pour le simple plaisir de réinstaurer une sorte de suspens. C’est le cas avec la réintroduction de Rose mais aussi de la responsable rousse du projet, référence discrète à Gen13 (et est-ce par hasard qu’un des laborantins soit considérablement plus petit que la normale, comme s’il s’agissait de Grunge en combinaison ?). D’emblée, on réétabli que Superboy n’est qu’en partie une copie génétique de Superman et que son ADN a été mélangé avec celui d’un(e) humain(e) dont on nous tait le nom. Les fans de continuité se demanderont alors si le donneur humain est bien toujours Lex Luthor où si la chose a, elle aussi, changé.
Mais à qui s’adresse vraiment la série ? Les fans du précédent Superboy ? Son existence est passée aux toilettes. Non seulement Conner Kent n’existe plus mais sa personnalité ne se retrouve pas dans ce nouveau clone, beaucoup plus contemplatif. On peut les tenir en haleine sans doute un moment (le temps de leur révèler si SB est ou pas le rejeton génétique de Luthor et de voir à quel point le personnage a été réécrit) mais guère plus. Et pourtant sous une autre optique l’épisode est incompréhensible. Le nouveau lecteur hypothétique ne va pas reconnaître la responsable de projet. Pas plus qu’il ne comprendra qui est Rose Wilson (à supposer qu’elle soit bien la même personne qu’avant). Et est-ce qu’il va réellement s’intéresser à l’identité du donneur humain ? En fait quand on regarde bien le montage scénaristique de la série, elle semble destinée à irriter les lecteurs de longue date mais, paradoxalement, livre des éléments des éléments de réponse que seuls eux peuvent comprendre. Il faut avoir lu/connu le Superboy précédent ou même Gen13 pour saisir quelque chose. De là à perdre le lecteur sur tous les fronts, il n’y a qu’un pas. Ce n’est pas le fait qu’on utilise Gen13 qui me chiffonne (finalement en un sens ce n’est pas illogique de rapprocher les deux concepts) mais bien la manière de faire, pas si « reader-friendly » qu’on voudrait nous le faire croire. Quitte à rebooter Superboy, il y avait des choses à faire en s’inspirant plus de feuilletons télévisés comme Le Caméléon, John Doe, Kyle XY. Un « centre » qui créé puis pourchasse sa création. Quelque chose d’aisément compréhensible dans lequel, éventuellement, on aurait glissé des allusions à Gen13. Là, c’est un magma. Dans le succès ambiant de la relance de DC et en raison du lien nominatif avec Superman, je pense que les premiers numéros de Superboy vont mathématiquement bien marcher, les commandes des premiers mois étant faites avant que les gens aient lu le contenu. Mais si elle veut durer et conserver son audience, la série va devoir vite trouver un autre mode de fonctionnement et en tout cas des qualités propres. Parce que si on enlève les « coups de théâtre » liés à la continuité précédente, il ne reste pas grand chose…
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