Avant-Première VO: Review The Goddamned #2
19 décembre 2015[FRENCH] Bien après que Dieu ait chassé Adam et Eve du Paradis mais avant le Déluge, l’Humanité a sombré dans une barbarie sans borne. Il n’est pas toujours évident de faire la différence l’Homme et l’Animal. Mais parmi les brutes rôde un être à cause de qui le monde est ce qu’il est. Est-ce que c’est vraiment chacun pour soi ?
The Goddamned #2 [Image Comics]
Scénario de Jason Aaron
Dessins de R.M. Guéra
Parution aux USA le mercredi 16 décembre 2015
Pour ce deuxième numéro de leur western biblique, Aaron et Guéra transforment l’essai. Il y a quelque chose de Pale Rider dans le parcours du maudit, d’où ce terme de western que j’utilisais. Mais un Pale Rider injecté dans des temps primitifs où le cannibalisme, le meurtre et le viol font partie du quotidien. Rahan, là-dedans, tiendrait trois cases. C’est sympa d’emblée car ça se rapproche de peu de chose dans les comics actuels. Et pourtant, la lecture de The Goddamned #1 m’avait laissé un peu entre deux eaux, sachant que pratiquement dès le début l’identité de l’inconnu, supposée être la révélation de la fin du premier épisode, était quand même assez évidente dès les premières cases. Là, avec le fait que l’on en voit plus sur leur version de Noé et de Cain, les lignes bougent. La chose étant que dans ce contexte, il n’y pas véritablement de « gentil ». On est en plein dans une extrapolation de l’Ancien Testament. Disons que – pour rester dans une analogie « comics » c’est le Dark Knight III d’un passage de la bible.
« I never ate no man flesh. Just some babies was all. »
Il y a un certain revival des œuvres à thème bibliques – à tendance créationniste – ces derniers temps, surtout au cinéma, mais Aaron et Guéra ne sont pas là pour aller dans le même sens que le Noé d’Aronofsky. En fait, The Goddamned a bien plus en commun avec le Crossed d’Ennis (le côté cul en moins pour l’instant). A ce stade, il ne s’agît pas de discuter de questions divines mais bien d’explorer un monde sans espoir, où aucun protagoniste ne semble totalement récupérable. Il est question de la sauvagerie, de l’absence de société et du fait que, sans interdit, c’est chacun pour soi. R.M. Guéra donne à tout cela une sensibilité très universelle, qui par endroits fait aussi bien penser à Joe Kubert qu’à Jean Giraud. Une lecture intéressant.
[Xavier Fournier]