Dessin de Patrick Zircher
Parution aux USA le mercredi 7 mai 2014
Samedi dernier The New 52: Future’s End #0, offert à l’occasion du FCBD, m’a tellement déplu que je me suis retenu de faire une chronique à son sujet, sachant que j’espérais que cette tuerie à répétition de super-héros n’était qu’un effet du démarrage et pas le reflet de la série à venir. Non pas que sur le principe cela me chagrine. Cela marchait bien, par exemple, pour Days of Future Past au début des années 80. Le problème est que ces derniers mois DC Comics a tellement multiplié les comics où des versions alternatives de ses grandes figures sont détruites/corrompues (Injustice, Earth 2, Superboy, etc.) que cela n’a plus un gramme d’originalité. C’est du vu et revu. Enfin, c’est l’avis que m’inspirait le zéro. Ce premier numéro, lui, est moins décevant (mais il faut voir d’où on partait). Certes il y a des personnages détruits de manière totalement gratuite mais heureusement certaines choses (comme l’intervention de Firestorm et de Grifter) permettent de faire passer la série à autre chose qu’une série de morts. On découvre aussi ce que sont devenus les personnages 5 ans dans le futur (encore que Patrick Zircher ne les dessine pas particulièrement plus vieux et que le passage du temps reste peu tangible).
Il y a une chose qui m’a paru intéressante : le parallèle éventuel entre Brother Eye et les Google Glass, mais c’est un message limité et un peu perdu dans un contexte qui peine à convaincre. Terry McGinnis arrive de 20 ans dans le futur mais débarque en 2019, c’est-à-dire dans un autre futur qui, de fait, ne nous concerne pas vraiment. Si l’on parlait d’un creator-owned, on pourrait se demander si l’auteur n’est pas parti dans un plan ultra-ambitieux pour raccorder, à échéance de 5 ans, cette vision de son univers avec ce que l’on voit là. Mais dans le cas présent, je n’y crois pas un instant, surtout quand la mort aperçue vers la fin concerne un héros très en vue de DC sur différents supports. Impossible de croire que Future’s End soit réellement l’avenir tel que l’envisage sérieusement DC Comics. Ce qui fait qu’on n’a pas l’impression – en tout cas à ce stade – d’une saga qui compte dans l’ensemble. Et inversement on ne nous vend pas beaucoup d’empathie avec les personnages aperçus. McGinnis passe son temps à se prendre la tête avec son ordinateur, les deux parties de Firestorm ne collaborent pas et Grifter a basculé encore plus loin dans le mode enragé. Ce qui fait que l’on a l’impression que tous les personnages s’auto-détestent ou meurent. Comme je le disais, pour l’instant c’est du déjà vu mais à la longue on peut réellement se demander si DC Comics est conscient, mois après mois (et désormais semaine après semaine) de projeter une telle « auto-détestation ». Je ne lancerai pas à deviner ce que Future’s End donnera dans son ensemble. Peut-être que les auteurs (Azzarello ou Lemire nous ont déjà montré des choses plus inspirées) ont d’autres choses en tête. Mais là, à l’instant T, il est clair qu’en termes de Weeklies, Future’s End n’arrive pas à la hauteur de Batman: Eternal. La série a encore fort à faire pour convaincre car j’ai plus l’impression de lire Countdown que « 52 ».
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