Ultimate Spider-Man Annual #3 [Marvel]
Scénario de: Brian Michael Bendis
Dessins de: David Lafuente
Sortie américaine Mercredi 29 octobre 2008
Est-ce que Mary-Jane et Peter sont prêts pour l’étape supérieure ? La question est posée dès la page des crédits de ce numéro. En toile de fond, Brian Michael Bendis nous dit depuis quelques temps que dans cet annual le couple adolescent va se poser la question qui fâche… une certaine partie des milieux conservateurs: le sexe. MJ et Spider-Man vont-ils franchir le pas ?
La question ne manque pas de sel… La réponse apportée, elle, n’est pas si épicée qu’on pourrait le croire. Cela dit en définitive cela tient aussi au fait que le Spider-Man Ultimate est fortement ancrée dans son âge adolescent. A partir de là aucune réponse ne saurait être véritablement appropriée. Car soit le couple esquive (et à ce moment-là pourquoi présenter l’Annual sous cet angle) soit il passe à l’acte… Et ce n’est pas tout à fait ce qu’on attend d’Ultimate Spider-Man. Car sans vouloir être particulièrement puritain, on sait que l’âge moyen des lecteurs de comics est maintenant plus élevé qu’il ne l’était il y a 20 ou 30 ans. Et ce lectorat composé en bonne partie de trentenaires a t’il vraiment envie de voir une scène où deux adolescents joueraient à Jessica Jones et Luke Cage ? Sans doute que non. Ou bien il faudrait une sorte de « Lost Girls » appliqué à l’univers de Spider-Man. Avant qu’on me traite de puritain, qu’on se comprenne bien : je ne parle pas du principe de montrer. Mais simplement du fait qu’on sait que Marvel n’est pas du genre à aller dans le sens d’une représentation graphique poussée de ce genre de situation. Dès lors, pourquoi évoquer cette voie ?
Bref – et sans vous dévoiler le choix de Bendis – avec un pitch comme cela, Bendis s’engageait sur une pente glissante. Soit ses personnages assument le fait de grandir (dans une série où on nous disait pourtant que leur âge resterait relativement constant) et le concept du titre s’en retrouve altéré, soit ils stagnent et alors l’annual perd une partie de son sens. Du coup l’équation arrive à un résultat qui laisse un goût d’incomplet. En définitive je crois que l’erreur aura été de traiter l’affaire dans un annual, dans un contexte où on attend une réponse en quelques pages. Bendis excelle avec le format « feuilletonesque » des comics. Sur plusieurs épisodes, en toile de fond d’un autre arc, il aurait pu jongler avec les différents angles de la question avec sans doute bien plus de profondeur et d’aisance.
Bons points par contre au scénariste pour quelques allusions (comme son utilisation du terme de mariage, ironique après les choix de Marvel l’an dernier sur la version classique). David Lafuente donne également un très bon travail, sans doute plus typé « manga » que l’esthétique habituelle d’Ultimate Spider-Man. Tout ca est très sympathique mais ca n’en fait pas l’une des sorties incontournables de la semaine pour autant…
[Xavier Fournier]
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