Dessin de Daniel Acuna
Parution aux USA le mercredi 28 mai 2014
Rick Remender se plait vraiment à plonger ses héros dans de longues ellipses, dans des plongées dans d’autres mondes qui s’éternisent sur des années. Après Captain America dans la dimension Z dans sa propre série, la position d’Havok n’est finalement pas si différente, lui aussi s’étant trouvé un enfant (conçu de façon plus naturelle). Il y a aussi, forcément, des rapprochements à faire avec Days of Future Past. Ce n’est sans doute pas innocent, avec la sortie du film. Mais là où le scénariste arrive à laisser sa marque, à éviter que ce ne soit simplement un énième trip dans le temps pour corriger le passé et sauver l’avenir, c’est qu’il travaille, encore et toujours, un certain sens de la discorde. Des gens qui n’ont pas les mêmes motivations s’unissent sur le moyen terme mais en n’ayant pas les mêmes réservations. À ce petit jeu, Remender livre une écriture intéressante de Cyclops, lui rend de sa superbe et je serai vraiment curieux de voir l’auteur s’occuper du sieur Scott Summers à une date ultérieure. Le casting des factions nous permet aussi des scènes bourrées de fortes têtes (quand, à quelques cases de distance, on croise Stryfe, Doom et Magnéto, c’est quand même quelque chose). La seule chose qui m’aura fait tiquer dans l’écriture des protagonistes, c’est un Sunfire déclarant d’un seul coup qu’il a toujours considéré Banshee comme un frère. Non seulement je ne vois pas le mutant japonais s’épancher de la sorte mais en plus, historiquement parlant, je vois mal à quel moment, dans quel run, Shiro et Sean auraient été si proches. Enfin bon, ce n’est qu’un petit passage, qui n’occupe pas de place majeure dans l’épisode.
Daniel Acuna nous donne toujours des versions très saisissantes de cette « Planète X ». Son sens du design nous donne des X-Men plus vieux, harnachés autrement. Et dans le même temps le dessinateur se révèle capable d’évoquer avec beaucoup de reliefs des costumes classiques (Sunfire, Doom 2099…), des postures et des expressions. Pendant ce temps Remender déroule un flot d’émotions et de comportements, comme autant de dominos qui se télescopent. Un exemple : Havok est poussé à compléter la mission s’il veut sauver sa fille. Visiblement Wolverine accepte le même voyage pour sauver quelqu’un d’autre. Thor a une vision plus large tandis qu’un(e) autre de leurs coéquipiers est privé de tout choix. Ce qui que le déséquilibre est déjà là, alors qu’ils sont supposés être unis. C’est tout l’intérêt d’envoyer différents personnages dans le passé. S’ils ne veulent pas tous la même chose, on devine qu’on n’a sans doute pas fini de voir des étincelles. Remender perfectionne ici des dynamiques qu’il avait déjà employé sur Uncanny X-Force, avec des personnages différents. Curieux de voir ce que cela donnera sur le long terme. Mais cela promet…
[Xavier Fournier]
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