Dessins de Charlie Adlard
Parution aux USA le mercredi 3 août 2016
Les tambours n’en sont plus à battre. La guerre avec les Whisperers est là, maintenant réellement déclarée après l’intervention de Negan. Rick et les siens en étaient aux préparatifs mais, bizarrement, le fait que la chronologie leur échappe, qu’il faille y aller maintenant sans attendre plus, n’est spécialement traité. Il faut dire que la présence de Negan est comme un puit de gravité. Elle attire tout dans son sillage et la problématique immédiate est donc de savoir que faire du méchant le plus emblématique de la série. A certains égards, Robert Kirkman retrouve des accents d’une discussion entre Cyclops et Magneto quand ce dernier était venu s’installer à Utopia. Le ressort est ici plus ou moins bien vendu. Je pense qu’une partie du lectorat ne pardonnera jamais à la brute d’avoir assassiné Glenn, par exemple, et que tout mouvement dans le sens de Negan semblera dur à avaler. Mais en même temps Alpha et les « Murmureurs » ont quand même frappé à la puissance 10 avec les têtes laissées sur les piques. Negan est le plus marquant car il a le plus de charisme. Mais du point de vue d’Alexandria, les Whisperers sont sans doute bien pires. Sans parler d’être un danger immédiat. Rick est également prisonnier, en un sens, de son système de pensée, qui fait qu’il a pardonné à des personnages comme Dwight, pourtant apparu à la base comme un adversaire. A ce petit jeu, la relation Rick/Negan tourne, une nouvelle fois, au poker menteur, chacun prétendant attendre de l’autre quelque chose, tout en se préparant à autre chose. Kirkman est visiblement très à l’aise dès qu’il sort le personnage. Mais c’est à la fois une force et éventuellement un problème pour Walking Dead, dans le sens où Negan a une certaine capacité à capter l’attention, éclipsant un peu le reste.
« My hands are where you can see them. I’m not threatening in any way. »
Le reste, il y en a pourtant dans ce numéro. Ce n’est pas parce que la guerre est aux portes de la ville que le scénariste sacrifier les interactions parmi les survivants. Au contraire il y a l’ébauche d’une idylle possible et puis aussi la poursuite de l’intrigue concernant Eugène et son interlocutrice à la radio, élément qui, d’ailleurs, semble amorcer une forme parallèle à un dialogue similaire vu dans la série TV Fear The Walking Dead. Aux dessins, Charlie Adlard est à son aise. C’est depuis longtemps une « affaire qui roule », et prend quelques partis pris marqué. Par exemple, dans cet épisode relativement pauvre en « rôdeurs », il choisit de les montrer finalement de loin plutôt que de jouer la surenchère. Et surtout Adlard joue un rôle essentiel avec son cadrage (c’est d’ailleurs assumé dans les pages éditoriales), souvent vissé sur les visages des protagonistes, pour nous « vendre » l’idée que l’on arrive à la croisée des chemins, que les décisions des uns auront des effets sur les actions des autres. Tout peut basculer irrémédiablement, à chaque instant, et cette « guerre des murmureurs » promet d’être une véritable montagne russe.
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